LEONARDO : "JE SUIS LIBRE, C’EST MOURINHO QUI M’ENVOIE. VOICI MON INTER SANS KAKA."

APPIANO GENTILE - Leonardo, fraîchement nommé entraîneur de l’Inter, s’est présenté lors de la conférence de presse pour sa présentation officielle devant les journalistes. 

Internazionale.fr vous livre l’intégralité des déclarations du nouvel entraîneur de l’Inter.

Sur une échelle de un à dix, exprimez-nous votre émotion, votre envie et votre peur peut-être aussi…

"Le football te donne des opportunités de fait vivre tout cela en une seule journée, notamment durant les matchs, où l’on vit des émotions intenses. Aujourd’hui, je vis des émotions infinies, ce défi est si profond que c’était impossible de le refuser. De plus, j’entretenais déjà une relation spontanée et excellente avec le président, nous plaisantions déjà sur ça il y a dix ans, toujours de façon désintéressée. Maintenant, nous sommes ici, tout cela semblait si improbable, mais beaucoup de choses m’ont emmené ici. C’est un jour spécial, il y a une relation d’estime entre nous: aujourd’hui, je suis l’entraîneur et lui c’est mon président, le respect de la hiérarchie est total."

Ne vous-êtes vous jamais senti comme un intériste "lointain" quand vous étiez à Milan, vu votre manière de communiquer qui se rapprochait de celle de Moratti et de l’Inter.

"Je vais être sincère. J’ai toujours cherché à être libre, je veux garder mon identité et ma propre façon de faire. Après, si je peux créer une relation avec le club, je serai toujours moi-même dans cette situation. J’ai beaucoup de choses en commun avec le Milan, je n’oublierai jamais ce que j’ai vécu là-bas et je remercierai toujours ce club. J’ai été joueur, dirigeant et entraîneur la-bas et je n’oublierai cela pour rien au monde, car j’en suis arrivé ici grâce au Milan et à Capello, c’est Fabio qui a voulu me faire jouer en Italie. J’ai aussi beaucoup d’estime pour Galliani. J’ai ma vérité sur ma propre situation, je n’ai aucun regret et je ne me sens pas coupable: j’ai toujours été libre, j’ai toujours exprimé ma propre réalité et les gens le savent, personne ne peut rien me dire. Je ne pouvais pas dire non à un défi si beau et si inattendu."

Quelle est la première chose que vous demanderez à l’équipe?

"J’arrive durant l’année la plus importante de ce club si immense. Ce sont des destins croisés incroyables, je suis très excité et enthousiaste par rapport à ce que je trouve ici. Les victoires créent de la complicité et de l’enthousiasme et c’est ce que je ressens ici à l’Inter. Il n’y a rien à demander en particulier, l’Inter a déjà tout gagné et elle a sa propre identité. Je ne dois rien inventer, les joueurs savent ce qu’il faut faire, il faut simplement les mettre dans les meilleurs conditions possibles pour gagner. Je ne crois pas que les joueurs soient rassasiés de victoires, mon Inter doit avoir la sérénité de gagner, c’est un grand club. Il faut se remettre à faire les grandes choses de l’année passée."

A quel point cela te dérange-t-il d’être comparé à un traître?

"Je ne veux pas faire le gentil garçon comme on dit (ndlr, il sourit). Je respecte chaque opinion, comme j’ai toujours voulu ma propre liberté de parole. Chaque personne peut penser ce qu’elle veut de mon nouveau club, moi j’ai ma propre opinion et le football est fait d’émotions."

Trouves-tu des différences ou des points en commun avec le premier jour où tu étais au Milan et celui où tu es arrivé à l’Inter? Et sur l’effectif, d’un point de vue technique, y a-t-il des différences?

"Les comparaisons sont difficiles car ce sont deux réalités totalement différentes qui sont insérées dans un même contexte. Chaque année est différente même quand on reste dans la même équipe. J’ai connu le club du Milan AC différemment de celui qui existe aujourd’hui. Je suis arrivé à devenir entraîneur après douze années passées dans le club, je connaissais tout le monde et ça m’aidait énormément. A l’Inter, c’est différent, c’est la troisième fois que je viens ici à la Pinetina, je dois apprendre beaucoup de choses même si je connais beaucoup de monde ici. J’arrive après 13 années au Milan, c’est une situation très forte, mais je me sens privilégié de vivre un tel moment."

On peut déjà voir des maillots nerazzurri floqués Kakà… Les supporters rêvent d’un climat brésilien...

"Connaissant Kakà, je pense qu’il ne laissera pas le Real Madrid tant qu’il n’aura pas réussi à faire de bonnes choses là-bas. Je lui parle régulièrement, il a beaucoup d’envie, il est en train de revenir de sa blessure et il a devant lui une année très enthousiaste avec son club. Il veut réussir avec le Real."

Combien de temps avez-vous mis pour accepter la proposition d’entraîner l’Inter.

"Très peu. L’envie a grandi avec le temps, je n’ai jamais pensé que tout cela pouvait arriver. Nous nous sommes croisés de nombreuses fois, avec des rencontres affectueuses malgré le fait que j’étais le dirigeant du Milan AC. Être entraîneur est un rôle qui change beaucoup et qui nous donne l’occasion d’être libre dans un moment comme celui-ci."

Est-ce que tu crois à la course pour le titre?

"Oui, et comment. Le championnat est très long. La situation est particulière, car il faut reprendre 13 points et nous avons deux matchs en moins, nous devrons gérer cela au mieux d’un point de vue psychologique. En y pensant aujourd’hui, on a l’impression d’avoir beaucoup de points de retard, mais il nous en manque peu pour revenir dans le groupe de tête. Mes débuts au club seront fondamentaux."

Après 13 ans à Milan, vous serez maintenant rivaux au quotidien: comment allez-vous vivre cela ?

"Vu qu’ils sont en tête et vu qu’ils se sont renforcés, ils figurent parmi les favori. Mais il faut penser à nous à présent et à ce qu’il faut faire pour intégrer un groupe favori au titre. La Coupe du Monde a fait un grand bien, il faut uniquement penser à l’Inter. L’absence des sud-américains en finale a fait couler beaucoup d’encre mais même si tu es archi-favori, ce n’est jamais facile de gagner. C’est un bon point de départ."

Pensez-vous que la synthèse: "Redécouvrir sa grandeur" est d’actualité ?

"Il y avait Benitez avant moi ici, il a toujours réalisé des choses extraordinaires, mais il peut y avoir des problèmes pour tous dans chaque club. Je ne pense pas qu’il nous ait laissé de gros problèmes. Nous devons reprendre avec les indications que nous a laissées Benitez même si pour moi, cette équipe existe déjà. En réalité, il n’y a rien à reconstruire, l’Inter l’est déjà."

Avec qui vous êtes-vous déjà entretenu ces derniers jours ?

"Avec tout le monde, pas uniquement les joueurs. Nous n’avons pas perdu de temps, nous serons déjà sur le terrain dès le 6 janvier. Je voulais connaître tout le monde, vivre le quotidien d’Appiano, respirer l’air qui est ensuite utile pour jouer les matchs. J’ai été très bien accueilli par tout le monde, je ne savais pas à quoi m’attendre et je vous remercie pour cela, c’était très positif."

Quelle sera votre plus grande préoccupation à partir de demain ?

"Pour l’instant, j’observe et j’apprends. Je pense à agir avec ce qui existe déjà. Je ne veux rien révolutionner mais ajouter mes idées de bases et chercher à les transmettre. J’ai déjà appris beaucoup de choses en deux jours: il y a un grand nombre de choses qui sont positives et qui sont à conserver, peu sont négatives et à éliminer. Je veux prouver à tout le monde qui je suis vraiment, ne pas être seulement reconnu comme un entraineur qui évoluerait avec un système de jeu déjà existant, mais comme un chef d’équipe. Les rapports s’équilibreront."

Que pensez-vous de vos rapports avec l’Atmosphère ‘Inter’ ?

"Vous parlez de Mourinho ? (Il sourit)"

"Josè a été extraordinaire avec moi. Je l’ai appelé: arriver à l’Inter sans passer par lui, c’est impossible. Mourinho est partout. Je le connaissais déjà et c’était vraiment merveilleux: nous avons parlé de beaucoup de choses, j’ai donné mes opinions. Je ne l’ai pas fait parce que c’est "Le Grand Josè" mais parce que c’est un homme intelligent, qu’il est encore ici et qu’il y a laissé quelque chose. Je suis très fier de tout ce qu’il m’a donné. Je le considère comme un Champion: derrière ses conférences de presse brillantes, il y a un emploi interminable, il y consacre sa vie. Son travail est encore présent ici."

N’étiez-vous pas un peu perplexe lors de votre arrivée ici, à l’Inter ?

"Je ne suis pas Josè Mourinho, j’ai fait une année d’entraîneur, avec un milliers d’erreurs mais forcément avec des choses positives. Aujourd’hui, je débute mon second mandat, après un an comme entraineur et six mois d’études."

Lors de ces derniers mois de travail, avez-vous étudié à nouveau le métier d’entraineur ?

"Bonne question. Quand j’étais à Milan, une fois cette histoire terminée, je songeais à mon avenir, mais je n’étais pas certain de continuer. Mais je crois qu’à cette occasion, j’ai eu la certitude de ce que je voulais faire, qu’une chose m’attendait, une chose qui me pousserait à sortir de mon lit, et soudain, l’Inter m’a convaincu de faire ce que je voulais."

Dernièrement, Oddo a approuvé votre choix. Cependant, Pato a dit qu’il espérait que vous ne remportiez pas beaucoup de titres...

"Ce n’était pas une raillerie d’Alexandre, j’ai tout entendu. S’il m’avait souhaité de l’emporter, cela n’aurait pas été normal. Ce n’est qu’une déclaration, rien de plus. Il y a aussi des gars qui ont du mal à donner un avis, vous essayez de gérer ces situations le plus normalement possible."

Que désirez-vous apporter à cette Inter ? Et que représente pour vous l’Inter, après 13 ans passés au Milan ?

"Je n’ai jamais vu le Milan comme un ennemi de l’Inter, et je ne le dis pas parce que je suis ici. Milan est une ville de culture, vous vivez bien la rivalité avec des moments plus ou moins calmes, mais en 100 ans d’histoire, il y a toujours eu du respect. J’ai vécu à Milan pour Milan, en me donnant aussi efficacement à 100% sans penser à l’Inter comme un rival. En ce qui concerne la partie de mon jeu à donner à l’Inter, il y a beaucoup de choses qui se sont déroulés ici il y a un an et demi, il y a des caractéristiques comme la force physique ou la grande concentration avec un jeu concret et une défense très solide avec lesquelles je suis en accord. Ce n’est pas si éloigné de ma vision et je partage presque entièrement ces bases."

Y a-t’il des changements à apporter suite au départ de Benitez ? Que pensez-vous des blessures ?

"C’est une période d’ajustement, c’est naturel. Certes il y a eu un grand nombre de blessures durant son mandat, même si un grand nombre d’entre elles ont su être guéries rapidement. Au Mondial, on a uniquement déploré l’absence de Walter Samuel et celle de Sneijder qui s’est fait mal. Il y a eu des choses positives et négatives. Je ne veux pas faire de procès ici, nous devons réfléchir à l’avenir et au présent. Nous devons trouver une formule pour ne plus avoir de blessés à l’avenir."

L’année passée à un moment donné, il y avait énormément d’enthousiasme au Milan lors de sa remontée sur l’Inter. Quelle est votre recette pour redonner de la joie dans cette équipe ?

"Je ne crois pas qu’il y ait un magicien qui sache le faire. L’équipe a beaucoup de potentiel, de stimulation et d’envie qui font la marque de l’Inter. Il faut seulement trouver le moyen de les mettre dans des conditions normales, car les précédentes petites choses qui se déroulées à l’entrainement sont toujours présentes. Je ne crois pas qu’une équipe qui gagne ne soit pas sereine. Cette Inter a décidé de se racheter, ça a été le cas lors du Mondial, il n’y a donc rien à démontrer au niveau de l’équipe, il y a juste besoin de penser aux belles choses à réaliser et de continuer sur cette trajectoire. Si l’on regarde l’Inter d’aujourd’hui, je la vois au-dessus de tout le monde."

Qu’avez-vous à dire sur le Mercato ?

"Je n’ai rien à dire. J’en ai parlé avec Branca et s’il y a la possibilité d’insérer un joueur à placer dans un certain contexte, je le prendrais, mais j’ai aussi besoin de temps pour la construction. Il n’y a pas besoin d’intervenir, s’il y a une opportunité, nous y penserons. C’est la pensée que nous partageons tous."

Quelle langue parlerez-vous avec les Champions de l’Inter, vu que vous êtes polyglotte ?

"Le leadership me plait car il y a tellement de façons de le mettre en œuvre. Il y a une façon de commander, mais plusieurs façons de le faire. Il y a une clé pour chaque joueur et pour chaque personne. J’ai simplement besoin de la trouver car il y a toujours des situations individuelles à gérer, le groupe arrive ensuite, c’est la clé de la victoire. Mon langage peut être différent d’un joueur à un autre et puis il y a évidemment un langage destiné à l’équipe, mais celui-ci existe déjà"

Rédigé par BiscioneNerazzurro, Antony & p-h08 (fcinternews.it)