A l'occasion de l'évènement Il Foglia à San Siro, l'administrateur délégué de l'Inter, Beppe Marotta a parlé notamment de la course au scudetto.
"Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. Nous devons chercher à nous recompacter, nous sommes en colère, pas abattus. Il manque encore 4 matches, le sort n'est pas scellé comme cela se voyait dans les années 70 ou 80. Même les équipes qui n'ont virtuellement plus rien à jouer auront leur mot à dire".
Il y a eu une sorte de nivellement du championnat italien, par le haut comme par le bas, comment cela s'explique-t'il?
"Effectivement, il y a ce nivellement, personne n'a encore remporté le trophée, personne n'est encore relégué, les places en Europe ne sont pas encore toutes attribuées. C'est l'un des championnats les plus intéressants de ces dernières années. Nous avons gagné l'année passée avec beaucoup d'avance après une longue domination de la Juve, pour notre championnat qui s'est appauvri, c'est une bonne chose".
A maintenant un an de la Superligue, deux ans après le début de la pandémie, quelle est la situation?
"Nous sommes en grande difficulté, pour un motif historique, déjà avant la pandémie, les coûts étaient insoutenables comparés aux recettes. Aujourd'hui avec la pandémie qui a généré cette situation économique, c'est encore pire. Les championnats domestiques, comme l'a dit Andrea Agnelli, sont dominés par la Premier League et pour tous les autres ce sont de grandes difficultés. Heureusement, il semble que ce n'est pas celui qui dépense le plus qui gagne. Les compétences des uns et des autres émergent ainsi, et ce, dans toutes les entreprises. Il faut être créatifs dans la manière de rechercher ses compétences pour ceux qui ont cette responsabilité, cela permet d'inculquer une mentalité gagnante".
Exit Conte, Lukaku et Hakimi, Eriksen lui n'avait plus le droit d'évoluer en Italie, mais vous êtes toujours compétitifs. Les huitièmes de Ligue des Champions la finale de Coppa Italia, le scudetto qui se dispute encore. Quel est le secret de Marotta pour rester plus ou moins au même niveau sans sentir le contrecoup de ces départs?
"Ce n'est pas celui qui dépense le plus qui gagne. Cela a généré une secousse bien sûr, des joueurs sont partis, à part Eriksen, vu que ce n'était pas de sa volonté. Lukaku et Hakimi ont exprimé leur envie d'ailleurs et de notre côté nous avions l'opportunité de réaliser des opérations financières importantes. Nous avons fait comme les autres années, en essayant de garder l'équipe compétitive avec un entraîneur jeune et émergent comme Inzaghi qui satisfait pleinement nos exigences. Nous sommes en lutte pour le scudetto, nous avons gagné la Supercoupe, nous sommes en finale de Coppa Italia, globalement nous sommes contents. Nous espérons encore avoir deux cerises de plus sur notre gâteau. Tout ceci est dû à la structure et à la solidité du club".
Revenons sur trois moments de votre carrière.
"Recoba à Venise? C'est un coup de chance et sûrement fruit d'une circonstance favorable. Il a totalement changé Venise qui semblait destiné à la relégation. L'individualité a pris le pas sur le collectif pour porter à des résultats finaux. Recoba gagnait des matches tout seul et il nous a porté au maintien. Des rêves se réalisent et permettent d'ouvrir de nouvelles pages, il y a eu la Champions League avec la Samp. J'ai remporté 7 scudetti avec la Juventus, même à l'Inter je ne m'imaginais pas arriver et y remporter le scudetto. Dans le sport tout est possible, le temps l'enseigne. La caractéristique fondamentale est l'expérience dans la vie de tous les jours, cette expérience qui permet de savoir où je me suis raté et comment pour trouver les remèdes et aborder les objectifs différemment".
Le présumé décès de Mino Raiola.
"On m'a dit que ce n'est pas le cas. J'espère que non".
Le rôle des agents dans le football…
"Moi je faisais signer les plus vieux en premier et les jeunes suivaient par peur de répercussions. Je ne pouvais pas appliquer la loi de Boniperti. Mino est un agent toujours très préparé, fourbe, astucieux, très correct aussi. Il a cette manière de toujours dire ce qu'il pense. Ses revendications étaient toujours onéreuses mais claires. L'opération Pogba à United, je l'ai géré à la Juventus et il a été très compétent pour l'amener à bon port. C'est le meilleur".
Pouvez-vous mieux définir le rôle d'agent?
"Autrefois les contrats étaient à vie puis ils ont tendu à plus se libérer et donc ces lignes de métiers se sont formées. Les agents des fois sont très peu professionnels. Souvent nous avons à faire avec des gens incompétents, qui ne savent pas travailler dans l'intérêt de leur client, au-delà de l'aspect économique. Puis il y a les bons agents. Chaque transfert comporte des intermédiaires, ce que j'espère c'est qu'un jour les agents réalisent que des fois il vaut mieux ne pas gagner à la fin si cela fait la fortune de leur client".
L'Italie non qualifiée pour le second Mondial d'affilée…
"Le gros problème de l'Italie c'est l'absence d'un ministère des Sports. Aujourd'hui, la crise est dans toutes les disciplines sportives, il n'y a plus personne qui transmet la passion. Avec un ministère, tu peux faire comprendre l'intérêt du sport dans les écoles. Avant il y avait plus de passion, cela tend à disparaitre, de même que les clubs amateurs, c'est nécessaire d'inclure le sport à l'école. Il n'y a plus de structures et c'est de là que provient cette crise du Sport. Il n'y a plus de formations, plus les enseignants dans le domaine du football, du basket, du volley. Plus de bons élèves, plus de formateurs, le monde de la politique doit comprendre l'importance du sport.Les résultats des équipes amènent des émotions en plus de recettes copieuses. Au niveau des jeunes, il y a un manque de culture de la part des dirigeants, une culture de la défaite. La manière dont on évalue les entraîneurs est absurde, les dirigeants doivent comprendre leur rôle, former des athlètes qui seront les hommes de demains, pas forcément des professionnels d'ailleurs. Les entraîneurs, eux, par peur de se faire limoger, sont pressés par les résultats. Il faut apprendre à évaluer les entraîneurs sur leurs aspects positifs, comment ils entraînent les jeunes joueurs".
Lors de Manchester City - Real Madrid, nous nous sommes exaltés devant le football pratiqué en Ligue des Champions.
"Les matches ont souvent pour protagoniste le Real Madrid, un club avec un très bon entraîneur et de bons joueurs qui ne lâchent jamais rien. Je suis sûr qu'ils figureront bien au retour aussi. Cela dépeint une image positive du format de tournoi qui apporte, lors des phases finales, des émotions et du spectacle et surtout des buts. Le but est l'élément central".
Qui est l'entraîneur le plus divertissant que vous ayez vu?
"Un grand porteur d'innovation en Italie pour moi, qui aurait peut-être pu avoir une meilleure carrière n'eut été son caractère: Eugenio Fascetti. Il m'a énormément enseigné car j'étais jeune et j'apprenais facilement".
La question du stade…
"Antonello parlera du stade plus tard… Le stade fait aussi la différence dans les résultats sportifs, dans le sens d'appartenance, l'impression d'être chez soi. Le supporter peut y être fortement impliqué pour son équipe, et cela en plus d'apporter d'autres bénéfices. Je suis absolument en faveur d'un stade de propriété, cela a son importance".
Comment ça se passe avec Inzaghi?
"Tout est au beau fixe, nous sommes très content de Inzaghi. Il a de bons résultats et présente d'importantes marges de progression. Quand il aura l'âge des Conte, Ancelotti, Allegri, il pourrait être l'un des meilleurs entraîneurs en circulation".
Internazionale.fr ~ © Samus
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