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Les Nerazzurri toujours protagonistes des événements mondiaux : des deux titres de Meazza à aux finales où il y a toujours un joueur de l'Inter sur le terrain. Voici le rapport de FCInter1908 qui a tout répertorié et nous dit tout. Inter et Coupe du Monde : tout commence en 1934 Championnat interrompu avec la Coupe du monde qui a commencé hier. Un sentiment que nous associons habituellement à l'été, aux rêves de gloire colorée de bleu. Mais ce n'est pas l'été, il n'y a pas d'Italie et pourtant la Coupe du monde a commencé. Qatar 2022, la première édition en automne, la première à scinder la saison interclubs en deux. Ils sont six joueurs Nerazzurri prêts à concrétiser leur rêve nourri depuis de leur enfance, celui de soulever la coupe. Il s'agit de Lautaro Martinez avec l'Argentine, Denzel Dumfries et Stefan De Vrij avec la Hollande, Marcelo Brozovic avec la Croatie, André Onana avec le Cameroun, Romelu Lukaku avec la Belgique. Interisti et Coupe du monde est une histoire qui commence en 1934 qui est pleine d'anecdotes et d'épisodes clés. Il y a des champions du monde, il y a des buteurs en finale, il y a des records invaincus, des statistiques uniques. Celle du Qatar est la 22e édition de la Coupe du monde. La première, en 1930, comportait 13 équipes nationales mais pas l'Italie. Aucun Nerazzurri n'a participé à cette première édition historique. Depuis lors, les nerazzurri ont souvent laissé leur emprunte en commençant par les éditions de 1934 et 1938, remportées par l'Italie avec la contribution de plusieurs Interisti, Giuseppe Meazza en particulier. Ici, l'appel d'Allemandi, Castellazzi, Demaria et Meazza, en 1934 par Vittorio Pozzo est le premier appel des joueurs de l'Inter pour la Coupe du Monde. L'Italie soulève la Coupe Rimet en 1934 et la conserve en 1938. En 1938, Giovanni Ferrari, Pietro Ferraris, Ugo Locatelli et Renato Olmi sont appelés en plus de Meazza. Il y a donc 8 champions du monde Nerazzurri, avec Meazza qui en tant que capitaine soulève le trophée en France. Le meilleur buteur de l'histoire de l'Inter est le seul Nerazzurri à avoir remporté deux titres mondiaux. 104 Interisti à la Coupe du Monde Les huit Azzurri précités font partie des 104 joueurs qui, tout au long de l'histoire, ont été convoqués pour la Coupe du monde. Une très longue liste dans laquelle se distingue Beppe Bergomi, capable de disputer quatre éditions de la Coupe du monde entre 1982 et 1998. Lothar Matthäus compte bien cinq éditions, mais une seule lorsqu'il portait le maillot de l'Inter, celle de 1990. Pour celles de 1950 et 1954, seuls les joueurs italiens étaient appelés. En 1958, l'Inter n'avait qu'un seul représentant à la Coupe du monde, Lennart Skoglund avec la Suède, l’Italie n’y participant pas. Il y a 24 nations représentées dans l'histoire par les Interisti à la Coupe du Monde : Italie, Suède, Espagne, Angleterre, Autriche, Allemagne, Hollande, Brésil, Chili, France, Nigeria, Argentine, Uruguay, Turquie, Portugal, Croatie, Serbie, Slovénie, Ghana, Cameroun, Colombie, Japon, Algérie, Belgique. L'édition qui a vu le plus de Nerazzurri participer à la Coupe du monde est celle de 2002. 13 joueurs de l'Inter ont été appelés : Toldo, Materazzi, C. Zanetti, Di Biagio, Vieri (Italie) ; J. Zanetti (Argentine); Simic (Croatie); Okan, Emre (Turquie); Conceiçao (Portugal); Recoba, Sorondo (Uruguay); Ronaldo (Brésil). Les interisties champions du monde Il y a 19 joueurs interisti qui ont remporté la Coupe du monde. Au niveau des clubs, les nerazzurri occupent la troisième place en terme de champions du monde, derrière la Juventus et le Bayern Munich. Les 19 champions Nerazzurri sont : Meazza (1934-1938) ; Allemandi, Castellazzi, Demaria (1934); Ferrari, Ferraris, Locatelli, Olmi (1938); Bergomi, Marini, Bordon, Oriali, Altobelli (1982); Matthäus, Klinsmann, Brehme (1990); Djorkaeff (1998); Ronaldo (2002); Materazzi (2006). En 1982, l'Italie a remporté sa troisième Coupe du monde avec cinq joueurs Nerazzurri dans l'équipe, comme cela s'est produit en 1938. Lors de cette édition, Bordon était le seul joueur de l'Inter à ne pas entrer sur le terrain. Les Interisti buteurs en finale Sur 19 Interisti champions du monde, 7 ont marqué en finale de Coupe du monde. Quatre d'entre eux soulevant alors le trophée, trois avec la déception de la défaite. En 1970, premier but des Nerazzurri en finale : l'égalisation de Boninsegna contre le Brésil, avant la domination auri-verde. En 1982, sous les yeux du président de la République, Alessandro Altobelli fait hurler à Pertini la fameuse phrase "ils ne nous prendront plus" en inscrivant le 3-0 contre l'Allemagne, lors de la finale au Bernabeu qui se termine 3-1. Pour l'Italie de Bearzot, un triomphe sous le signe de Paolo Rossi, avec cinq champions Nerazzurri, dont un tout jeune Bergomi qui a touché le dernier ballon de ce bienheureux Mundial. En 1986, le but de Rummenigge en finale au Mexique, que l'Allemagne perd contre l'Argentine. Quatre ans plus tard, lors de Italia 90, la revanche allemande avec les trois Nerazzurri sur le terrain : Brehme, Matthäus et Klinsmann. Une finale nettement Nerazzurri avec Andy Brehme vainqueur du match marquant sur penalty (pied droit alors que c'est un gaucher) à la 81e minute au stade Olimpico de Rome. Un penalty que Matthäus n'a pas tiré, en raison d'un problème avec une de ses chaussures. En 2002, un autre nerazzurri sur le toit du monde : Ronaldo, après la déception de 1998, remporte la Coupe du monde en inscrivant un doublé en finale contre l'Allemagne, exhibant une coupe de cheveux étrange et légendaire. En 2006, Marco Materazzi était la vedette. Il a égalisé en finale contre la France, a subi un coup de tête de Zidane entraînant un carton rouge pour le Français, a marqué l'un des cinq penaltys de la série finale qui a donné aux Azzurri leur quatrième mondial Titre. La liste des attaquants Nerazzurri en finale de la Coupe du monde s'étend jusqu'en 2018 quand Ivan Perisic marque un beau but à Moscou contre la France en finale, la Croatie s'inclinant 4-2. Toujours un interiste en finale depuis 1982 Lothar Matthäus détient le record d'apparitions en Coupe du monde avec 25 matches. Walter Zenga est l'invaincu : 518 minutes en Italie 90, de la première minute du premier match à la 68' de la demi-finale, où il a été battu par la tête de Caniggia. Parmi les meilleurs buteurs on retrouve Ronaldo en 2002 (8 buts) et Wesley Sneijder (5 buts) en 2010. Mais le fait le plus incroyable est que depuis 1982, il y a toujours eu au moins un joueur Nerazzurri sur le terrain lors des finales de la Coupe du monde. Voici la liste : 1982 : Bergomi, Altobelli (but), Oriali 1986 : Rummenigge (but) 1990 : Brehme (but), Matthäus, Klinsmann 1994 : Berti 1998 : Ronaldo, Djorkaeff 2002 : Ronaldo (2 buts) 2006 : Materazzi (but) 2010 : Sneijder 2014 : Palacio 2018 : Brozovic, Perisic (buts) Traduction alex_j via FCInter1908
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Coupe du Monde 1938 : la victoire des chemises noires de Mussolini
alex_j a posté un article dans Nos Dossiers
Faisant fi des protestations et de l'impopularité sauvage qu'elle suscita en 1938, l'Italie, championne du Monde en titre, se rendit en France pour défendre avec succès "sa" couronne. "Le moment critique a été... lorsque nos joueurs ont levé la main pour effectuer le salut fasciste... Je suis entré dans le stade avec eux, alignés dans un pure style militaire, et je me suis tenu sur la droite. Au salut, nous avons, comme on pouvait s'y attendre, rencontré une vague assourdissante de sifflets, d'insultes et de remarques. Il semblait que nous étions en Italie tant les expressions résonnaient de nos idiomes et dialectes. Combien de temps ce brouhaha a duré, je ne pourrais le dire. J'étais rigide, avec un bras tendu horizontalement, je ne pouvais estimer le temps. L’arbitre allemand et les joueurs norvégiens nous ont regardés avec inquiétude. À un moment donné, ce chahut commença à diminuer en intensité puis cessa… Nous venions de baisser les bras et la violente manifestation a recommencé. De suite : "L'équipe est prête. Saluer." Et nous avons de nouveau levé la main pour confirmer que nous n'avions pas peur… Nous avions joué en ayant gagné la bataille de l'intimidation." Le souvenir du match du premier tour de la Coupe du Monde de 1938 de l'Italie contre la Norvège laissé par l'entraîneur de l'équipe nationale, Vittorio Pozzo, résuma bien l'approche résolue et sans compromission du fascisme pour conserver la première étoile qu'il avait remportée à domicile quatre ans plus tôt. Conscient de l'attrait transnational du jeu et de ses pouvoirs de propagande, le régime fasciste investit énormément dans la rationalisation et la régénération du jeu italien. Lente à s'industrialiser, l'Italie vint tard dans le football, le boom footballistique venant de part et d'autre de la première guerre mondiale (plusieurs fédérations européennes et sud-américaines autorisèrent le professionnalisme à partir des années 1920, ndlr). Gagner la guerre mais perdre la paix a provoqué une désaffection généralisée qui, combinée à la menace du communisme, a alimenté la rapide ascension au pouvoir de Mussolini et du régime fasciste (Mussolini commença en 1918 pour accéder au pouvoir en 1922 - voir, la marche sur Rome. Le 24 novembre 1922, Mussolini obtint les pleins pouvoirs en matière économique et administrative jusqu'au 31 décembre 1923 afin de rétablir l'ordre, ndlr). Après avoir établi la dictature, Il Duce se focalisa sur la mobilisation de la nation derrière le régime. Le sport était fondamental dans ce domaine et malgré son manque d’enthousiasme initial, ainsi que son déficit incontestable de talent, pour le football ou "calcio" comme le demandait le nationalisme linguistique fasciste, le "calcio" est devenu sa clé de voute. La charte de Viareggio de 1926 a fait du calcio un jeu fasciste. Dirigée par le chef fasciste bolognais, Leandro Arpinati, la fédération a entrepris de révolutionner le jeu. La plus notable réforme fut la formation d'un championnat national, la Serie A. Le but était double : d'une part, forger un sentiment d'identité nationale et, d'autre part, créer une structure plus forte et plus compétitive qui aboutirait à une équipe nationale capable de rivaliser avec les meilleures. Les investissements faits ont commencé à porter leur fruit au début des années 1930, alors que les équipes italiennes contestaient la suprématie des clubs de l'Europe centrale et de la Grande-Bretagne (par exemple, la Mitropa Cup, ndlr). La génération s'est épanouie en 1934 lorsque l'Italie a accueilli et remporté la Coupe du Monde. Mais deux doutes persistants sapèrent les prétentions italiennes à la suprématie : l'absence de l'équipe anglaise et les rumeurs de corruption et achats d'arbitres. Il y a peu de preuves concrètes pour confirmer les rumeurs de corruption, mais l'Angleterre est restée une sacrée épine dans le pied du calcio avec une Italie incapable d'obtenir une victoire en trois matchs très "rudes" durant les années 1930 (voir par exemple la bataille Highbury le 14 Novembre 1934, ndlr). Alors que l'Angleterre restait formidablement isolée, France 1938 fut l'occasion pour l'Italie de conserver "son" trophée dans un pays étranger et de balayer ainsi ces rumeurs. Mais au moment où le tournoi vit le jour, il y avait d'excellentes raisons de détester ce qui fut un régime particulièrement nauséabond, ce que beaucoup en France, en particulier, venaient à réaliser. Selon les rumeurs, Carlo Rosselli, l'un des intellectuels antifascistes les plus charismatiques et influents d'Europe, vivant depuis 1929 en exil en France, aurait comploté divers complots pour assassiner Mussolini. Son soutien à l'extension de la guerre civile espagnole à une guerre antifasciste européenne plus générale a fait de lui l'un des ennemis les plus dangereux du régime, ce qui l'a placé en première ligne d'une liste de personnes recherchées. Avec son frère Nello, un historien réputé, il a été tué sur une route de campagne en Normandie, le 9 juin 1937. Tous deux ont été poignardés, Nello ayant été achevé avec un pistolet. Près de 200 000 personnes auraient assisté à leurs funérailles à Paris. Alors que la presse italienne tentait de relier leurs assassinats à des activistes communistes et autres anarchistes antifascistes, la responsabilité incombait en fait à un groupe secret d'extrême droite français, Cagoule (initialement Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale, ndlr), qui avait des liens avec les services secrets français. Bien qu'il n'y eut pas de preuves irréfutables connectant directement Mussolini à ce double assassinat, la police secrète italienne surveillait Carlo Rosselli dans son hôtel. Quelques jours après leur assassinat, Leon Blum a présenté sa démission en tant que Premier ministre du Front populaire, une coalition "anti-fasciste" (l'expression "coalition de partis de gauche qui gouverna la France de mai 1936 à avril 1938" est plus précis, ndlr). En effet, les 21 et 22 juin, Léon Blum, qui a obtenu de la chambre les pleins pouvoirs en matière financière, se les voit refuser par le Sénat. Il réunit son gouvernement qui prend la décision de démissionner. Camille Chautemps succède à Léon Blum à la présidence du Conseil le 29 juin. Les relations franco-italiennes ne furent en rien aidées par les déclarations anti-françaises/pro-franquistes de Mussolini le 14 mai 1938. Déclarant son soutien au général Franco dans la guerre civile espagnole, son annonce d'un accord politique avec l'Angleterre menaçait l'encerclement de la France. Ce fut dans ce contexte politique lourd que l'équipe italienne arriva en France en 1938. Les manifestations antifascistes "classiques" devinrent les vagues mexicaines de cette Coupe du Monde (note de traduction: en anglais "a Mexican wave" est une vague mexicaine est un effet ressemblant à une vague en mouvement produite par des sections successives de la foule dans un stade debout, levant les bras, les abaissant et se rasseyant). Arrivé avec l'équipe italienne à Marseille, où il y avait une forte présence d'exilés italiens, Ugo Locatelli (milieu gauche de l'Inter à l'époque, l'équipe avait été changer son nom pour Ambrosiana Inter) a rappelé plus tard que 3000 manifestants français et italiens (voire plus) étaient contrôlés par une police montée et armée de matraques. Son récit contrasta fortement avec celui de la presse italienne qui relata un accueil courtois à la gare d'un certain nombre de dignitaires ainsi qu'un enthousiasme excessif de la part des supporters locaux et italiens. En 2001, un journaliste du Guardian a interviewé Piero Rava (arrière-gauche de la Juventus à l'époque, ndlr), le seul membre survivant de cette équipe. Il n'a pas pu se souvenir de la prétendue vague de protestations. Est-ce que sa mémoire avait été réduite au fil des ans ou était-elle délibérément sélective ? Impossible de le vérifier. Mais étant donné que de tels incidents se sont poursuivis tout au long de la compétition, les souvenirs de Locatelli semblaient toujours "monnayables". Moins de doute concernant le destinataire des protestations : l'équipe italienne. En tant que représentante du régime plutôt que de la nation, elle a récolté ce que le fascisme avait semé 12 ans plus tôt avec sa politisation du football. "Naturellement" impopulaire, cet accueil "chaleureux" n’était pas le genre de choses à troubler Vittorio Pozzo, journaliste à la Stampa et commandant suprême non rémunéré de l’équipe nationale, qui a insufflé un fort sens du militarisme à ses enfants et à ceux de Mussolini (comprenez, les joueurs de l'équipe, ndlr). Réglant les rivalités interclubs potentiellement conflictuelles et donc nuisible à l'équipe, en forçant les joueurs antagonistes à se regrouper dans la même chambre, l'ambiance de ses camps d'entraînement ressemblait davantage à ceux des forces armées. Étroitement lié à la hiérarchie fasciste, Pozzo a incarcéré son équipe et les marches à travers les bois devinrent l'ordre du jour. Ses tactiques de motivation étaient souvent résolument nationalistes. Par exemple, un voyage en Hongrie en 1930 inclut un détour vers le monumental cimetière de la Première Guerre mondiale de Redipuglia où, parmi les morts de la guerre, les joueurs se rappelaient de leurs responsabilités et des sacrifices de leurs ancêtres. Le match d'ouverture, à Marseille, a vu des Azzurri affronter la Norvège sur le terrain et environ 10 000 exilés politiques italiens sur les terrasses, même si le journaliste du Corriere della Sera, Emilio De Martino, a affirmé que les fortes tendances pro-scandinaves de la foule étaient davantage le reflet du plaisir occasionné par l'élimination anticipée et inattendue de l'Allemagne (erreur ou imprécision du journaliste car la Suisse avait fait 1-1 contre l'Allemagne la veille et gagné 4-2 lors du match d'appui 4 jours après, ndlr). Pozzo, cependant, a rappelé : "… un contexte de polémique politique. Injustement. Parce que nos joueurs n'ont même jamais rêvé d'en faire quelque chose de politique. Ils représentaient leur pays et ils portaient naturellement ses couleurs et son symbole. Le problème était que ce symbole était le Fascio Littorio, un ensemble de bâtons et une hache. Porté par les Romains comme un signe d'ordre public, le régime fasciste s'en était approprié pour des raisons similaires. L'hymne du fascisme Giovinezza (Jeunesse) également joué lorsque l'équipe est entrée dans le stade, mais c'est le salut romain de l'équipe, également repris par le régime fasciste, qui a exacerbé la foule, en particulier lorsque sa répétition a été ordonnée" Sous pression, les Azzurri ont été bien loin d'être impressionnants en arrachant une petite victoire 2-1 après prolongation ! "Vittoria ma non basta" (Victoire mais pas suffisant) résume la déception générale de la presse. Le général de milice fasciste et chef de la fédération de football, Giorgio Vaccaro (officier général de l'armée italienne et membre du Parti national fasciste, il est considéré comme le manager le plus victorieux de l'histoire du football italien en vertu des deux titres mondiaux et de la médaille d'or olympique remportée par l'équipe nationale de football entre 1934 et 1938, sous sa présidence, ndlr), était également mécontent de la présence en défense du "vieillissant" Eraldo Monzeglio (défenseur de l'AS Rome à cette époque, ndlr) au lieu d'Alfredo Foni (défenseur de la Juventus à cette époque, ndlr). Pozzo clama que la pression venait de la Villa Torlonia, la résidence romaine de Mussolini où Monzeglio était souvent présent comme entraîneur de football et jouant au tennis avec Il Duce et ses fils. L'intervention de Vaccaro a mis fin à la carrière internationale de Monzeglio (après 1938, il ne joua plus aucun match en sélection nationale, ndlr) et a bien mis en évidence l'interférence politique dans la sélection de l'équipe qui, selon Pozzo, l'avait forcé à choisir uniquement des joueurs membres du parti en 1934. Les remous marseillais se sont faits sentir à Paris, où l'Italie a rencontré la France en quart de finale. Si les manifestations antifascistes ont ébranlé la confiance des Azzurri à Marseille, du "théâtre de l'hostilité", ce fut le stade de Colombes où l'équipe italienne trouva son inspiration. Dans son récit détaillé des deux victoires mondiales et médaille d'or italiennes, Pozzo a ignoré ce match (celui contre la Norvège, ndlr), tout comme le régime le faisait avec les "mauvaises" nouvelles. Les deux pays jouant normalement en bleu, un tirage au sort a été effectué pour décider qui devait changer. L'Italie a perdu et dû jouer en noire plutôt que de porter sa traditionnelle couleur blanche (l'équivalent du away-jersey, ndlr). Ayant été affecté par le mauvais accueil de Marseille, la décision est souvent considérée comme émanant directement de Mussolini. Alors que la maglia nera (chemise noire) avait été portée par l’équipe d’étudiants victorieuse à Berlin, c’était la seule fois qu’elle apparaissait dans une compétition internationale sous cette couleur. Présentant un Fascio Littorio loin d'être subtil sur la poitrine gauche, c'était une représentation directe du régime et un "deux doigts" indubitable pour tous les manifestants antifascistes (note de traduction: en anglais, l'expression "two fingers" est souvent l'équivalent du V de victoire). La foule "manifestement hostile" fut réduite au silence par une confortable victoire italienne 3-1 (contre la France, ndlr). Comme le quotidien fasciste Il Popolo d'Italia l'a reporté, l'équipe a réalisé sa meilleure performance du tournoi: "C'est l'Italie -la chemise bleue avec le bouclier de Savoie et le Fascio Littorio sur la poitrine- qui a gagné le droit de disputer la finale à Paris", (après sa victoire 2-1 contre le Brésil en demie finale, ndlr). Pour le régime fasciste, l'importance de la victoire était évidente. Mais au-delà des lauriers darwinistes qui ont associé la réussite à la régénération apparente de la race italienne "fasciste", il y avait aussi ces rumeurs de corruption durant la CdM 1934 qui devaient être balayées. Tel un désespoir, une légende urbaine fut développée autour d'un télégramme apparemment envoyé à l'équipe par Mussolini, juste avant la finale, avec la simple instruction "Vaincre ou Mourir". Sans surprise, le gouvernement ne l'a pas archivé parmi d'autres dépêches étrangères et Rava ne lui a pas non plus accordé tant de crédit que ça. "Non, non, non, ce n'est pas vrai. Il a envoyé un télégramme nous souhaitant bonne chance, mais jamais «gagner ou mourir»." Parfois, la vérité fait obstacle à une bonne histoire. Lors de la finale jouée contre la Hongrie, alors qu'elle était à égalité 1-1, l'Italie a montré sa classe avec 20 minutes de football largement acclamé au cours desquelles elle a marqué deux buts, obtenu le titre et a apparemment conquis la foule. Rava a déclaré: "Au cours de ces 20 minutes de jeu spectaculaires, ils ont oublié leurs préjugés politiques et ethniques". La finale se termina par 4-2. Pour leurs efforts, chaque membre de l'équipe a été récompensé par une prime de 8 000 lires (environ trois mois de salaire) et une médaille d'or fasciste donnée par Mussolini lors d'une réception de 15 minutes au Palazzo Venezia à Rome. Chose intéressante, étant donné sa mégalomanie et son enthousiasme pour la domination mondiale, le "sportif n°1 de l'Italie" n'a jamais levé le trophée lui-même. Le fascisme avait déjà les yeux rivés sur un troisième trophée consécutif en 1942, mais le déclenchement de la seconde guerre mondiale mit un terme à ce rêve. Après la chute du régime en 1943 et la libération de l'Italie 18 mois plus tard, Pozzo effectua la transition entre la dictature et la République démocratique. Il est resté entraîneur italien jusqu'en 1948 et a continué à écrire pour La Stampa jusqu'à sa mort 20 ans plus tard. Mais pour tout le talent incontestable de l'Italie et son succès sans précédent, les signes politiques d'une chemise noire (note traduction: le journaliste fait un jeu de mot car black shirt peut se traduire par chemise noire ou maillot noir) et d'un double salut romain qui ont incarné la montée du football italien sous le fascisme étaient extraordinaires, en particulier dans le contexte de la France à l'époque et de ce qui allait arriver. Le fascisme a peut-être gagné la bataille de l'intimidation sur le terrain, comme l'avait dit Pozzo, il perdrait bientôt la guerre et la chemise noire ainsi que le salut romain seraient consignés dans l'un des moments les moins édifiants (note de traduction: l'adjectif "edifying" est utilisé pour qualifier quelque chose qui va vous être bénéfique. Il faut prendre le mot édifiant au sens propre et non au sens ironique) mais ouvertement politiques de la Coupe du Monde et de la FIFA. "Sport Italia" de Simon Martin, publié en 2011 par IB Tauris, raconte l'histoire de l'Italie moderne à travers la passion nationale du sport. Traduit de The Guardian par Alex_j pour Internazionale.fr- 3 commentaires
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