OLIVIER DACOURT : "CE QUI NE TE TUE PAS, TE REND PLUS FORT"

MILAN - Voici le trentième épisode de "Inter 100 e lode", la transmission hebdomadaire de Sky Sport qui raconte et analyse tous les aspects du monde nerazzurro.

Internazionale.fr a le plaisir de vous présenter, dans l'épisode de ce vendredi 18 avril 2008, l'intégralité de l'interview d’Olivier Dacourt qui a été réalisée au centre sportif "Angelo Moratti".

Dacourt : Le public a exposé, à l’occasion de la rencontre qui opposait l’Inter à la Lazio en coupe d’Italie, une banderole dédiée à toi-même, Samuel et Cordoba, vous, qui êtes tout trois blessés depuis très longtemps. Quelle est l’importance de ces marques d’affection ?

"C’est important, cela veut dire que nous existons encore."

Comment gères-t’on ces longues périodes d'inactivité ? Comment s'entraîner, sans ensuite, pouvoir jouer ?

"C’est dur, surtout pour nous. Cependant, nous sommes des professionnels depuis longtemps et nous savons ce qui se passe dans ce genre de situations. C’est sûr que je ne désirais pas m’arrêter sur blessure, mais mon corps dit parfois stop."

Avez-vous, toi, Ivan cordoba et Walter Samuel pensé à cette énorme malchance qui s’est abattue cette année ?

"Il y a eu de la malchance, nous devons cependant toujours penser qu'il y a quelqu'un qui peut être dans un état pire que le notre. Nous pourrons d’ici peu recommencer à nous entraîner, à courir, à faire des choses qui semblent peut-être stupides, mais il y a des personnes qui ne réussissent pas à les faire. Je me souviens lorsque j’étais épuisé après avoir seulement couru durant cinq minutes."

Comment as-tu géré mentalement toute cette période ? Espères-tu rejouer la saison prochaine ?

"C’était très dur lorsque cela m’est arrivé, car je ne m’y attendais pas, je suis allé un peu en France afin de voir d’autres choses, cela aurait été trop dur autrement de rester ici pour six mois à regarder mes amis qui s’entrainent, tandis que moi j’étais en tribune. Je me suis, ainsi, un peu détaché du calcio. Je regardais un peu les parties à la télévision, mais sans plus. Je suis toujours resté proche de l’équipe."

La période la plus difficile de ces derniers mois fut celle où l’ont est venu te dire que ton arrêt serait plus long que prévu ?

"C’était un choc pour moi, car je l’ai su lorsque j’ai fais l’intervention. On m’avait donné quatre à six semaines, mais la lésion aux croisés a été révélée par la suite. C’était un moment très dur car je ne m’y attendais pas. Le moment le plus difficile est arrivé par la suite: j'ai eu deux ou trois semaines où j’ai médité sur mon avenir, en raison de mon âge, trente-quatre ans. Le football est ma vie et j’ai voulu y revenir."

N’as-tu jamais cultivé l'espoir de revenir pour l’ultime partie de championnat, ou as-tu déjà la tête à l’année prochaine ?

"Oui je le cultive, car on ne sait jamais. Mais ce n’est pas une raison pour tout risquer pour une partie. La raison, la sagesse me disent d'attendre, car j’ai encore deux mois pour aller mieux."

Tu projettes donc de revenir en vue de la prochaine préparation estivale pour reprendre sur de bonnes bases ?

"Ma perspective est de bien récupérer pour la saison prochaine."

Tu as été considéré, l’année passée, comme la meilleur acquisition de l’Inter par rapport au prix et au rendement qui ont été très élevé. Cela te plait-il d’être considéré comme la première grande acquisition de l’Inter en vue du prochain championnat ?

"Je dis en général, que ce qui ne te tue pas, te rends plus fort. Je l’espère bien, c’est sûr que j’ai peut être rallongé ma carrière de deux à trois ans."

J'ai lu que ta philosophie de vie se base sur une grande attention sur le présent : on parle du passé ou du futur, mais tu jouis aussi peu de ce qui en découle. Qu’est-ce qui te réjouit actuellement ?

"Mes passions et, surtout, ma famille. En général les gens ne savent pas que nous sommes toujours en préparation, nous faisons le tour du monde car nous jouons et nous disputons trois matchs par semaines, nous ne profitons jamais de notre famille et je le fais actuellement. Ensuite j'ai d'autres passions comme, par exemple, visiter des musées et des galeries d'art. Le temps passe plus vite de cette façon."

L'art fait partie de tes hobbies préférés ?

"Oui."

As-tu déjà visité la galerie de Zebina ?

"Oui, j’y vais souvent car Jonathan est mon meilleur ami. Lui et son associé ont réalisé une très belle galerie."

N’as-tu jamais songé à en ouvrir une ?

"Non, car il y a une différence entre être collectionneur et galerètiste. Le galerètiste vend des choses et je n’ai pas envie de vendre les miennes."

As-tu déjà pensé, lorsque tu raccrocheras les crampons, de te dédier à quelque chose que tu as un peu négligé jusqu’à présent ?

"Oui, parce que lorsque nous jouons, nous pensons toujours un peu au football : A chaque fois que l’on remporte une partie, une autre se profile à l’horizon. Cette blessure m'a fait comprendre tant de choses : lorsque tu joues, par exemple, tu as tant d’amis qui t'appellent, lorsque tu ne joues plus, le téléphone ne sonne pas plus ou sonnent que très rarement. Je savais que cela existait, mais lorsque tu le subis, c’est pire. Ivan, Walter, et moi-même, somme très proche, tous ensemble."

Etant un peu mis à l’écart, est-ce que ton coté tu a tenté de t’imposer dans un "rôle" d’Homme de Vestiaire de l’équipe ?

"Oui, c’est important car nous, les blessés, ne ne pouvons malheureusement rien faire. Nous pouvons toujours donner une aide psychologique à l'équipe. C’est la chose la plus difficile à réaliser, car lorsque les choses vont un peu moins bien, nous ne pouvons rien faire d’autre. Nous ne nous sentons pas inutiles, mais nous le sommes sur le terrain, car nous ne pouvons pas jouer. Cependant, c’est important que nous puissions les aider psychologiquement, car nous pouvons toujours apporter notre contribution."

Comment vois-tu de façon extérieure, l’Inter de ces dernier mois?

"Je veux dire une chose : Malgré toutes les choses que j'ai lu et entendu, nous sommes premier au classement et nous avons quatre points d’avance sur la Roma, et nous sommes encore en demi-finale de la Coupe d’Italie. Lorsque je vois et entends toutes ces choses, cela me fait penser que jouons pour la zone UEFA, alors que nous sommes encore premiers. Tous, déclaraient l’année passée que nous étions en tête car la Juve était absente et que le Milan avait des points de pénalités."

"Qu’ont-ils à dire cette année ? Que nous avons des avantages arbitraux ? Cela fait partie du jeu, mais nous sommes encore là. Si on nous avait dit, au début du championnat, que nous aurions, à cinq journées de la fin, un avantage de quatre points sur le second, nous aurions tous signé de suite."

"Le plus important c’est que l’équipe soit parvenue à réagir dans lors d’une période délicate car la Roma allait vraiment très bien. Ils l’ont emporté contre le Genoa, en jouant avant nous, comme ils l’ont déjà fait à Udine. Nous, nous avons démontré que nous possédions beaucoup de caractère car nous avons réagit rapidement à leurs victoires."

La Roma a-t’elle de réelles chances de rattraper l’Inter ?

"Le football reste le football, cependant la différence entre nous et la Roma, c’est que nous, nous avons notre destin entre nos mains. Nous avons quatre points d’avance, et eux ne peuvent qu'espérer que nous échouerons."

As-tu été récemment en contact avec une personne de la Roma ?

"J’ai envoyé un message à Daniele De Rossi lorsque il a raté son pénalty contre Manchester United car, au-delà du fait que je suis à l’Inter et lui à la Roma, il s’agit d’une très bonne personne et d’un très grand joueur. Même les plus grands ont ratés leurs pénaltys : Je lui ais d’ailleurs répété que les choses qui ne te tuent pas te rendent plus fort. Il est doué, et il le sera encore plus."

Est-ce juste de déclarer, que les deux joueurs qui font actuellement la différence, sont Cambiasso et Vieira ?

"Cuchu fait, depuis le début de la saison, un très grand championnat. En ce qui concerne Vieira les gens oublient à chaque fois qu’il s’agit du Capitaine de l’Equipe de France, qu’il a remporté un Euro et une Coupe Du Monde, et je suis convaincu que l’on remportera nos prochaines parties car nous y verrons un très grand Patrick."

Que penses-tu de l'explosion de Balotelli ?

"Il est très doué, mais il a seulement disputé cinq match en Serie A, nous devons encore patienter. Il a des qualités et est doué, nous devrons cependant voir, comment il se gérera. Maldini est un très grand joueur parce qu’il a toujours maintenu, années après années, son niveau. Balotelli a, en perspective, un très grand futur qui s’ouvre à lui."

Il a déclaré que vous lui avez donné quelques conseils afin de ne pas gaspiller ses énormes qualités ?

Il sourit.... "Je dois le tuer tous les jours pour lui faire garder les pieds sur terre. Sa chance, est que nous sommes présent pour l’y aider, ses qualités sont spectaculaires."

Les comparaisons peuvent sembler risquées, mais Balotelli pourrait être un mélange de Trezeguet et d’Henry ?

"Il a la froideur de Trezeguet qui ne se trompe jamais face au gardien. Mais les comparaisons sont difficiles car nous avons deux champions qui ont tout gagné, et un garçon de dix-sept ans qui a seulement marqué deux buts en Serie A."

"La qualité d’un joueur se voit sur une longue période."

Lorsque tu joues, tu fais parti des joueurs avec lesquels Mancini donne le plus d’indication: Cela peut aussi dire que l’entraineur t’estime d’une façon particulière ?

"C’est peut-être dû au fait que nous, les milieux de terrain, nous occupons une position importante, entre l’attaque et la défense."

As-tu déjà donné quelques conseils à Mancini durant cette période où tu es mis à l’écart ?

"Non, car c’est toujours difficile de donner des conseils. Il nous dit toujours de rester calmes et de ne pas être nerveux vu que nous avons des qualités pour réaliser de belles prestations."

L’Inter affronte le Torino ce dimanche: Est-ce difficile d’affronter une formation qui a changé entraîneur durant la semaine ?

"C’est toujours difficile à dire. Cela peut décider du résultat ou pas. Ils sont restés en retrait toute la semaine, cela ne leur sera pas simple de rencontrer l'Inter car notre objectif est le Scudetto et que nous voulons gagner toutes les parties qui nous restent."

Par rapport à l’année dernière, en quoi l’Inter s’est améliorée ? Et ce, malgré toutes les blessures dont elle a été victime ?

"Je crois que tous les joueurs qui ont évolué sur le terrain, ont réalisé de bonnes prestations, nous avons été victime de tant de blessures et de malchance. Lorsque nous avons perdu face au Liverpool, nous avons perdu face à une équipe qui a la culture de la Champions League. Mais c’est le football."

Il parait évident que tu ne participeras pas à l’Euro, mais durant toute cette période d’inactivité, as-tu été contacté par téléphone par Domenech ?

"Non, car nous n’avons pas la même vision des choses, Je respecte l’homme, mais ce n’est pas une personne qui me plait. Je crois que c'est la dernière personne avec laquelle j'irais en congé."

Quel Dacourt sera visible la saison prochaine ?

"J’ai toujours cette envie, le temps passe mieux actuellement car je me sens bien. Je remercie tout ceux qui ont été à mes côtés, nous avons encore des parties à disputer et ce n’est pas toujours facile pour les physiothérapeutes de me supporter. Je remercie tout le monde."

Penses-tu que cette année aussi, la rencontre Scudetto, sera contre Sienne ?

"Tel est le destin. Nous verrons, je pense que ce week-end a pu être décisif suite à la rencontre de la Roma face à l’Udine et de la notre face à la Fiorentina. Cela se jouera jusqu’au bout, car la Roma ne veut pas lâcher prise et que nous voulons remporter ce championnat."

Un film est actuellement sur les écrans : "Tutta al vita davanti" (ndr. Aller de l’avant toute la vie). Ce titre pourrait être pour Olivier Dacourt....

"Pas uniquement pour Olivier Dacourt, mais pour nous tous. On ne sait jamais, la vie est belle et nous devons profiter de chaque instants."

Posté le 18 avril 2008 à 21.30 par Randy & Le kid

Sources associé(e)s: Inter.it