LEONARDO : "L’INTER N’A PEUR DE PERSONNE"

APPIANO GENTILE - C’est un Leonardo très remonté qui s’est exprimé lors de la traditionnelle conférence de presse à la veille du match contre la Fiorentina qui se jouera demain soir à 18h30 au stade "Artemio Franchi" de Florence.

Internazionale.fr vous livre l’interview de l’entraîneur brésilien

Quelle est ton opinion sur Ronaldo qui a pris sa retraite du monde du football?

"Je pense aussi que c’est le plus grand attaquant de tous les temps. Aujourd’hui, Messi est en train d’atteindre un niveau exceptionnel, mais après Maradona et Pelé, il y a bien Ronnie. J’ai suivi sa conférence de presse, c’est comme si l’on avait perdu un monument du football. Je le connais bien, donc je savais qu’il allait tirer sa révérence tôt ou tard, mais il restera toujours parmi les attaquants du top-niveau."

Mariga et Stankovic sont convoqués pour demain soir: Dejan est-il prêt à jouer en tant que titulaire? Et Nagatomo sera aligné dès la première minute?

"Il y a des retours de blessures qui font du bien, nous évaluerons cela demain. 90 minutes, ça fait peut-être quand même beaucoup pour Dejan, mais Motta ne sera pas là à cause de sa suspension… Aujourd’hui, Dejan a fait un bon entraînement, je ferai mes choix d’ici demain, tous mes joueurs sont disponibles."

Comment peux-tu interpréter cette défaite face à la Juventus?

"C’est une équipe qui a réussi à imposer son jeu, donc c’était normal que ça soit difficile pour nous puisqu’on jouait à l’extérieur. Je ne pense pas que cette défaite soit un problème, il faut juste réussir à exporter le jeu que nous savons faire lors des matchs à l’extérieur."

Une question sur Pandev: comment le trouves-tu en ce moment?

"Au niveau de ses entraînements, et pas seulement d’ailleurs, je le trouve bien meilleur qu’auparavant, il est toujours rentré en cours de jeu lors de situations difficiles. Il a été titulaire pendant un long moment, puis il a eu quelques petits problèmes: le module a changé et il a perdu un peu le rythme. C’est une série de choses, la régularité le fera jouer à nouveau au bon moment."

A Turin, l’équipe semblait fatiguée. Demain à Florence, ce sera donc un chemin de croix pour vos joueurs?

"Tous les matchs sont fondamentaux pour rattraper le groupe de tête comme nous sommes en train de le faire. Par contre, vous ne pouvez pas me dire que mon équipe était fatiguée contre la Juve, car sinon nous n’aurions rien fait lors du dernier quart d’heure de jeu. Je pense que l’analyse de notre défaite à Turin a été trop négative, je ne vois pas de problèmes, nous avons affronté le match comme nous avons pu et nous avons perdu. Je trouve que vous exagérez les choses."

Pourtant, l’Inter souffre toujours plus à l’extérieur...

"Mon idée du football est de chercher à toujours gagner nos matchs, mais en démontrant du bon jeu, aussi bien à domicile qu’à l’extérieur, car on joue toujours à onze contre onze et toujours sur un terrain identique: il n’y a aucune influence qui pourrait toucher une équipe aussi forte et experte. L’équipe doit seulement jouer et chercher à inquiéter l’adversaire, et l’Inter a les qualités pour le faire. Il faut de la personnalité et du courage dans chaque rencontre. Et ça ne sert à rien de vouloir nous inquiéter car sincèrement, nous n’avons peur de rien."

Selon toi, avec toutes ces coïncidences, est-ce l’année du Milan? Coté Napoli, Lavezzi sera absent contre eux, et ce soir (ndlr: hier) contre Tottenham, Bale ne jouera pas contre eux.

"Je n’y pense pas, ça ne me concerne pas, je pense uniquement à nous."

Par rapport aux positions de Thiago Motta et de Cambiasso, pourquoi les as-tu changés?

"Au milieu de terrain, nos joueurs peuvent jouer à tous les postes, Cambiasso peut et a déjà quasiment joué en attaque à Catania. A certains moments, il faut faire des choix selon diverses situations. Maintenant, vous pouvez dire qu’Esteban n’est pas habitué à jouer à ce poste là, mais quand je l’ai placé là, il a aussi fait la différence. En étant devant la défense, Thiago nous apporte de la qualité avec de longues relances vers l’avant pour rechercher les attaquants."

Un commentaire sur les paroles de Moratti et une opinion sur la Fiorentina qui est en train de renaître.

"En ce qui concerne la Viola, nous affrontons toujours les équipes dans leur meilleure période, c’est le destin des grandes équipes hélas. La Fiorentina est en forme et nous le savons. En ce qui concerne le président qui a dit que l’on peut toujours croire au Scudetto, j’y crois aussi, mais même moi je ne peux pas encore calculer ce qu’il en sera d’ici la fin de la saison. Quelle équipe peut déjà dire : "J’ai déjà gagné" ? Il y a une semaine, il y avait la grande Inter qui donnait du spectacle, aujourd’hui l’équipe est larguée et elle a des milliers de problèmes: je trouve que c’est exagéré de dire ça. Moi, j’ai ma propre idée du football et je ne veux pas rentrer dans ces longs discours. Je veux un beau football, je veux une Inter qui joue bien. C’est la meilleure équipe du monde, il ne faut pas l’oublier, nous n’allons pas pleurer: depuis le match contre le Barça Barça, je trouve que nous jouons un excellent football, un football très offensif. Nous sommes sur le toit du monde, n’oubliez pas cela. Soit vous acceptez ce que je dis, soit vous me laissez. L’Italie est le berceau de la tactique, mais l’amour pour le football naît par les buts marqués. Je cherche toujours le beau jeu, après si on y arrive pas, on me tuera! "

Leonardo défie les journalistes présents :

"Avez-vous revu le match contre la Juve? Alors faites-m’en un commentaire! 

Un journaliste va alors lui dire qu’il n’y avait pas de beau jeu à Turin. Leo poursuit donc: 

"Tu as vu une Inter qui a mal joué car tu as certainement suivi la logique du score, mais nous avons pourtant eu 65% de possession de balle, le match était équilibré. Même si nous avons beaucoup échoué devant les buts, nous avons ultra-dominé nos adversaires en seconde mi-temps en nous créeant beaucoup d’occasions de buts. Moi j’en ai assez d’entendre vos drames. Ramenez-moi au Brésil, je n’en peux plus de vos exagérations. Dire que nous avons été inférieurs, morts, inexistants, ça ne je peux pas le concevoir."

Personne ne dit pourtant qu’il y avait beaucoup d’absences.

"Je ne me justifie pas avec les absences, nous allons de l’avant contre chaque équipe et nous jouons nos matchs."

Comment expliques-tu la première mi-temps face à la Juventus?

"Evidemment, les bianconeri étaient très attentifs a fermer nos atouts de force, ils avaient bien préparé le match et se refermaient afin de contre-attaquer. On a pu voir cela en deuxième mi-temps, nous avons du augmenter l’intensité du jeu et nous projeter vers l’avant, c’est ce qu’a fait mon Inter, elle doit toujours jouer avec beaucoup de courage dans n’importe quelle situation."

Tu as parlé de 65% de possession de balle, mais à Madrid en finale, le Bayern a eu 67% de possession de balle et nous savons très bien qui a gagné à la fin…

"C’est forcément une toute autre situation quand on parle d’une finale. Cette équipe a des caractéristiques différentes."

Nous avons pu voir qu’il y a même eu des critiques envers Eto’o.

"Il faut être culotté pour pouvoir le critiquer. Il a marqué 27 buts jusqu’à présent, ça peut arriver d’être dans un jour sans, mais ça n’est pas possible de parler de problèmes avec Eto’o. Il est en excellente forme et c’est un joueur expérimenté. Jamais il ne se laissera abattre par une prestation un peu moins bonne. Il me semble à ce propos que l’on cherche toujours la petite bête pour critiquer l’Inter, presque comme si l’on voulait à chaque fois que l’on subisse une défaite."

Comment trouves-tu Nagatomo?

"Il est confiant. Bien évidemment, il lui faudra un peu temps pour qu’il trouve des automatismes avec ses coéquipiers mais il s’intègre à merveille, nous avons pu le voir lors de ses dernières apparitions. Il devra certes améliorer des choses, il est jeune, mais il est très confiant et c’est très bien comme ça."

Cette différence d’ambiance entre l’Inter et le Milan, est-ce pour cela que vous dites que l’on attend forcément une défaite de votre part?

"Non. On parle de l’habitude de l’entraîneur, pour moi c’est un fait de culture. Evidemment, les personnes cherchent toujours à comprendre. Si vous devez me juger, je n’ai aucun problème je ne suis pas susceptible, je lis chaque chose que vous écrivez dans les journaux. Ça m’importe peu que vous parliez de moi. En revanche, quand vous parlez de mon équipe en les rabaissant, ça m’énerve au plus haut point. Il n’y a aucun "cas Milito" ou de "cas Eto’o", je ne peux pas accepter que l’on dise cela. Nous avons aussi eu du mal contre Palermo, mais les gars, regardez aussi les statistiques voyons. Moi je signe tout de suite si l’on devait gagner 7 de nos 9 prochains matchs, j’aimerais bien voir où on en serait et où en seraient les autres…"

Mais Moratti souligne pourtant les nombreux buts encaissés, alors que toi tu as l’air de t’en moquer…

"C’est une de tes interprétations, je n’ai jamais dit que je m’en fichais. En tout cas, je comprends parfaitement les propos du président, mais l’idée de base, c’était de remporter nos matchs, donc si l’on gagne même en encaissant un but, ça me va. L’équipe a toujours envie de gagner, c’est donc normal d’être toujours tourné vers l’attaque."

Tu t’es enfin énervé depuis que tu es ici, maintenant l’équipe aura aussi de la rage à revendre sur le terrain?

"Mais qu’est-ce que c’est que ces discours? Ce ne sont pas des enfants! L’Inter a sa propre identité, ce n’est pas parce que je m’énerve qu’ils vont l’être eux aussi. C’est une choses absurde de penser cela, et ne me parlez pas de Mourinho car il a lui aussi sa façon de faire. C’est normal que je m’énerve aujourd’hui, pour les raisons que je vous ai expliquées…"

Rédigé par BiscioneNerazzurro & p-h08 (Fcinternews.it)