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    Damien

    QUAND PAULO FALCAO RENCONTRE JOSE MOURINHO

     

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    Internazionale.fr a le plaisir de vous proposer l'article de Paulo Roberto Falcão ainsi que les réponses qu'il a obtenu de la part de José Mourinho lors d'une interview peu commune.

     

    Ayant prévu un voyage à Milan, j’ai décidé d’essayer de rencontrer l’entraineur de l’Inter, José Mourinho, pour parler avec lui de football et pour avoir des informations pour mes rubriques dans le journal, à la radio et à la télévision. Je ne le connaissais pas personnellement et je savais qu’il n’aimait pas donner des entrevues. C’est pour cela que j’ai demandé a un ami manager qu’il appelle Julio César, en pensant qu’il pourrait moyenner le contact avec Mourinho. Le gardien de but n’était pas chez lui et sa femme m’a prévenu qu’il accepterait difficilement la tâche. Nous avons alors tenté de faire intervenir Lucio, mais le défenseur a aussi passé son tour, affirmant que la seule personne capable de convaincre Mourinho de parler était l’ancien joueur Luis Figo, aujourd’hui directeur des relations externes de l’Inter. J'ai donc voyagé en n'ayant rien de prévu, mais en Italie, l'avocat Sergio Azaretto, représentant du CBF, est entré en contact avec Mourinho et il a immédiatement proposé de me recevoir. Nous avons failli nous rater. Quand je suis allé au centre d'entraînement de l'Inter à La Pinetina, Mourinho s'en allait déjà à l'aéroport pour accompagner la délégation à Parme. Nous nous sommes retrouvés sur la route: il m'a localisé par téléphone, a arrêté sa BMW X6 à proximité d'un rond point, a traversé la rue en courant et est venu à ma rencontre:

     

    "C'est un plaisir de parler avec toi", m'a t'il dit, ajoutant qu'il avait suivi ma carrière en Italie et ma participation à la Coupe du Monde en 1982.

     

    Nous avons parlé de l'Inter, des brésiliens de l'équipe, de son chemin en Europe. Je lui ai dit que j'aimerais réaliser l'interview mais pas sur le bord de la route, et il a immédiatement trouvé une solution:

     

    "Envoie-moi les questions par e-mail et j'y répondrai."

     

    C'est donc ce que j'ai fait. J'ai envoyé 20 questions. Trois jours après, j'ai reçu un message du porte-parole de l'Inter, Andrea Butti, avec les réponses de Mourinho, rédigées dans un indubitable portugais du Portugal.

     

    L'interview complète sera publiée ce dimanche.

     

    Et voici donc l'interview en question.

     

    MOURINHO: "LA STAR? LA STAR C'EST L'ÉQUIPE!"

     

    De passage en Italie, Paulo Roberto Falcão a donc réalisé une interview de José Mourinho, entraineur de l'Inter de Milan et un des entraineurs les plus respectés au monde.

     

    "J'étais en Italie la semaine dernière et j'ai rencontré José Mourinho, le plus respecté des entraineurs européens actuels et certainement un des meilleurs au monde. A 47 ans, il dirige l'Inter de Milan, qui mène le championnat Italien, parle 5 langues et gagne plus de 10 millions d'euros par an. Vainqueur de la Coupe de l'UEFA et de la Ligue des Champions avec Porto entre 2002 et 2004, Mourinho a été embauché à prix d'or par Chelsea en Angleterre et il a encore fait monter sa côte en gagnant 2 titres nationaux (2005 et 2006) 50 ans après le dernier titre de champions des blues."

     

    "En Juin 2008, il a prit les rênes de l'Inter, après avoir déjà gagné le titre de Série A et la supercoupe d'Italie la saison dernière. A l'Inter, il dirige les Brésiliens Julio César, Maicon, Lucio et Thiago Motta. Portugais originaire de Setubal, fils du gardien de but de l'União de Leiria, Mourinho a lui même tenté une carrière de footballeur, sans grand succès. Il a étudié l'éducation physique, a fait plusieurs cursus d'entraineur et il a commencé a décoller en étant embauché par le Sporting Lisbonne en tant que traducteur de l'entraineur anglais Bobby Robson, avec qui il est resté partenaire à Porto et à Barcelone. Puis, toujours au Barça, il a été l'entraineur-adjoint du hollandais Van Gaal, avant de retourner au Portugal comme entraineur, d'abord à Benfica, à l'União de Leiria, et ensuite à Porto, avec qui il a gagné ses premier titres européens. C'est un spécialiste du football, un stratège, un gestionnaire de personnes et un professionnel extrêmement méticuleux, comme on peut le voir dans les réponses aux 20 questions que je lui ai présentées.

     

     

    Vous êtes considéré avec Alex Ferguson comme l'entraîneur le plus réputé d'Europe. Est-ce important d'être le numéro 1? Comment voyez-vous cette question?

     

    "Être le numéro 1, c'est une chose très relative. Celui qui gagne le plus est le numero 1. Ferguson gagne depuis 30 ans. Je gagne depuis 7 ans. Guardiola a tout gagné la saison dernière. Et d'autres encore ont gagné des choses importantes. Mais le plus important, c'est d'être au top le plus longtemps possible."

     

    Vous avez été très influencé par Bobby Robson au début de votre carrière. Vous considérez-vous comme un adepte de ses idées? Ou d'autres professionnels vous ont-ils inspiré?[/i]

     

    "Bobby Robson a été un Monsieur du football et moi un chanceux d'avoir travaillé avec lui. Footballistiquement, nous avons peu de points communs, mais nous avons en commun la passion du football et la conscience que l'aspect psychologique est fondamental."

     

    Y a t'il encore selon vous des grosses différences entre le football européen et le football sud-américain ou la mondialisation du football a-t-elle tout mélangé? S'il y a des différences, quelles sont-elles? Et lequel a l'avantage sur l'autre?

     

    "Le football c'est le football, mais les différences culturelles sont importantes. Il n'y a pas deux football identiques. En Amérique du Sud, le talent nait tous les jours, mais l'organisation tactique et l'intensité de jeu sont beaucoup plus fortes en Europe. Il y a tellement de facteurs qui conditionnent et qui font que le football est si différent partout dans le monde: le climat, la personnalité, la culture, les arbitres.

     

    Les entraineurs brésiliens n'ont pas eu autant de chance que les joueurs dans le football européen. Wanderley Luxemburgo n'a pas réussi au Réal Madrid, Luiz Felipe (Scolari) a eu une mauvaise expérience à Chelsea. Pourquoi d'après vous?

     

    "Les joueurs ont plus de temps pour s'adapter. Les entraineurs, quand le résultat n'est pas immédiat, ils sortent de suite, presque sans avoir eu le temps pour comprendre où ils étaient et les nécessités d'adaptation à une nouvelle réalité. Le talent des joueurs, à partir du moment où ils sont modelés par rapport aux exigences de l'intensité et à la rigueur tactique européenne, arrive toujours au-dessus, et nous savons que c'est inné, c'est un don, un talent que Dieu a donné, et qui existe par kilos dans un joueur sud-américain qui, ensuite, encadré avec les caractéristiques du joueur européen, fait au final un produit de grande qualité. Le problème de l'entraineur sud-américain en Europe, il se pourrait que se soit le même problème qu'un entraineur européen pourrait ressentir en Amérique du Sud."

     

    Avez-vous encore comme objectif d'entrainer la sélection portugaise?

     

    "Oui... mais quand je serais vieux. J'adore entrainer et jouer, j'adore entrainer tous les jours et jouer des matchs toutes les semaines. Je veux continuer au plus haut niveau en Espagne, en Angleterre ou en Italie. En sélection, on est trop longtemps en vacances. Et moi, sans le football, je ne suis pas heureux."

     

    Le Portugal a-t-il ses chances en Afrique du Sud? Vous qui travaillez avec des joueurs de la sélection brésilienne à l'Inter, pensez-vous que la différence technique entre les deux sélections est grande?

     

    Le Portugal a ses chances parce que, dans un tournoi de courte période, tout peu arriver. Mais objectivement, il y a des sélections avec plus de talent en quantité. Le Portugal a des joueurs de top-niveau, mais pas 22. Ne comparons pas le Portugal avec le Brésil, parce que le Brésil peut faire trois sélections de talent identique. Mais pendant un match, le Portugal peut battre le Brésil. Le football, ce ne sont pas des mathématiques, ou deux plus deux font toujours quatre."

     

    Qui sont vos favoris pour la Coupe du Monde?

     

    "Ce sont toujours les mêmes. Ceux qui ont déjà gagné une Coupe du Monde dans leur histoire. Et l'Espagne qui a une structure de base très forte, avec des joueurs fantastiques au milieu de terrain et en attaque."

     

    Vous passez vos vacances au Salvador et vous avez plusieurs joueurs brésiliens à l'Inter. D'où vient ce lien avec le football brésilien?

     

    "Le football Italien a toujours eu des joueurs brésiliens, certains vraiment au top. Et celui qui aime le football, celui qui aime le talent, celui qui pense que sans talent il n'y a pas de football, se sent évidemment lié au football brésilien, le plus grand producteur de talents."

    Malgré des dizaines de recrutement de joueurs brésiliens, les Européens donnent parfois l'impression de peu connaître les clubs et le football brésilien. Est-ce vrai? Pourquoi?

     

    "Pendant que je travaillais en Angleterre, j'ai arrêté de m'informer du football brésilien, parce qu'en Angleterre, le joueur extra-communautaire ne peut venir qu'en obtenant un permis de travail, mais au Portugal il y a toujours un besoin de chercher au Brésil, en particulier dans les clubs où le joueur n'est pas encore côté. Je me souviens que mon premier club en tant qu'entraîneur, l'União de Leiria, d'où je suis parti pour rejoindre le FC Porto, j'étais allé au Brésil un mois pour aller d'un terrain à l'autre, de club en club, d'entrainement en entrainement, d'état en état. J'ai trouvé des joueurs avec de l'ambition et du talent, qui ont fait un super boulot au Portugal et qui m'ont aidé à avoir du succès. Il faut travailler dans la prospection, et au Brésil, on trouve du talent."

     

    La FIFA a pour habitude d'élire le meilleur joueur du monde tous les ans en fin d'année. Pourquoi les grands joueurs qui sont hors de l'Europe ne sont-ils jamais sélectionnés?

     

    "C'est une bonne question. Peut-être parce que les grands joueurs qui sont hors de l'Europe sont tout de suite achetés par les clubs européens. A quel age Ronaldo est-il venu en Europe? Et Roberto Carlos? Et Kaka? Et Maicon? Ils partent très tôt et au moment de leur maturation, ils ont déjà le maillot d'un grand club européen sur le dos."

     

    Vos biographies qui circulent sur le net vous attribuent deux qualificatifs: génial et arrogant. Acceptez-vous l'un des deux? Comment vous auto-définissez vous?

     

    "Je suis José Mourinho, avec ses qualités et ses défauts. Mais dans le football, je suis là pour servir mon club et mes joueurs, non pas pour être sympathique ou politicien. En dehors du football, je suis une personne différente, mais très fermée dans mon intimité et mon autonomie."

     

    Quelle est votre formation tactique idéale? Avez-vous un schéma préférentiel? Avec trois défenseurs?

     

    "Je pense que le plus important est une formation adaptée aux caractéristiques des joueurs et adaptée aux nécessitées de la compétition à laquelle on participe. Un entraineur doit avoir une culture tactique suffisante pour savoir entrainer et jouer d'une façon qui s'adapte aux joueurs. Le plus important est que le joueur se sente heureux et confortable dans la façon dont joue l'équipe et dans les fonctions que l'entraineur a décidé de lui attribuer."

     

    Le travail tactique est-il fondamental ou non? Est-ce si nécessaire quand une équipe est expérimentée comme votre Inter?

     

    "Le travail tactique est fondamental. Une équipe doit est sûre sur le terrain, les joueurs doivent savoir que faire à tout moment du match. Et de match en match, il y a des nouveaux facteurs qui surviennent et nous devons réduire cette imprévisibilité au maximum. Il faut travailler tactiquement, toujours."

     

    Vous avez l'habitude de vous entrainer en secret sans la présence de la presse? En quoi cela vous aide-t-il?

     

    "J'aime travailler tranquillement, sans la présence des supporters ou de la presse. Je pense qu'à l'heure des mises au point, pendant lesquelles l'entraineur peut parfois critiquer ou conseiller son joueur, l'intimité donne plus d'assurance au joueur. Pourtant, je reconnais que le travail de la presse doit être respecté, et la passion des supporters doit être alimentée. Voilà pourquoi j'ouvre de temps en temps une séance d'entrainement au public."

     

    Dans le football actuel, est-il indispensable que tout le monde puisse marquer? La star de l'équipe doit-elle absolument marquer?

     

    "La star? La star c'est l'équipe! On gagne tous et on perd tous. Nous sommes tous identiques. Je ne dis pas "marquer", je ne dis pas qu'un attaquant doit reculer de 30 mètres pour marquer, mais pour travailler, ils doivent tous travailler. Et un attaquant travaille s'il fait le pressing sur son adversaire direct. Sans forcément courir énormément, il peut retarder la sortie de l'adversaire dans sa contre-attaque. Oui, oui, nous devons tous travailler."

     

    Sur cette question de l'implication collective, y a t-il des différences entre les joueurs sud-américains et les européens?

     

    "Je ne vois pas de différence. J'ai déjà eu de tout, des européens qui travaillent et jouent pour l'équipe, des européens égoïstes, égocentriques, des sud-américains qui pourraient mourir sur le terrain pour l'équipe, des sud-américains avec des difficultés de perception du travail collectif. Mais honnêtement, avec de l'empathie et du travail, je pense que tous peuvent exprimer leur talent dans un encadrement collectif de base."

     

    Le nombre d'attaquants est-il important, ou il est plus important que plusieurs joueurs arrivent devant au bon moment?

     

    "L'occupation de l'espace offensif est déterminante. Comment? Avec des joueurs plus fixes, avec des joueurs plus mobiles, avec des attaques planifiées et des hommes de références en attaque, avec des joueurs mobiles et rapides qui arrivent dans des positions offensives dans des moments de transition après avoir récupéré le ballon. Disons que pour aller au stade, le supporter peut utiliser la voiture, y aller a pied, en vélo, en bus. L'important, c'est d'arriver au stade."

     

    Y aurait-il une règle dans le football que vous aimeriez changer?

     

    "De mieux gérer le temps. Quand le ballon est hors du terrain: chronomètre arrêté. Quand un joueur est blessé: chronomètre arrêté. Quand le ballon est dans les tribunes: chronomètre arrêté. Quand un voyou cache le ballon: chronomètre arrêté. Ainsi le jeu n'aurait plus de ces choses qui font qu'il est moins beau et moins honnête. Et évidemment, placer une caméra dans les buts. Dans cette industrie, il ne devrait pas être possible de gagner ou de perdre avec un ballon qui n'est pas entré."

     

    Un joueur riche, millionnaire et reconnu, est-il plus difficile à gérer?

     

    "Non, non. L'honnêteté, la motivation et la passion n'ont rien a voir avec l'argent et le statut."

     

    Après avoir travaillé au Portugal, en Angleterre et en Italie, quel est votre but?

     

    "Travailler et gagner encore dans les championnats du top: Italie, Espagne, Angleterre. Et être heureux dans ce que je fais, me lever le matin et aller à l'entrainement en souriant. Être à 10 minutes du début du match et sentir l'émotion de jouer."

     

    Rédigé par DeadSoul & p-h08 (zerohora.com)


    Réactions & Commentaires

    Commentaires recommandés

    Très intéressant comme article merci beaucoup. Bel entrevue, on apprends pleins de choses sur notre entraineur et il a bien raison, les chronomètres doivent être arrêtés aux coupures ça rendrais le jeux plus beau. J'aime sa vision des choses, j'aime surtout quand il dit "La star c'est l'équipe".

     

    Forza Mourinho.

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    Superbe :nikel:

    Merzi

     

    J'ai adoré la réponse de la question sur la situation des coachs Brésiliens.

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