ARGENTINE, ZANETTI : "TOURNER LA PAGE"

Au cours des 15 dernières années, l'Argentine a connu une multitude de transformations économiques, politiques et sociales. Cependant, il existe un paramètre invariable dans le pays : chaque fois que la sélection albiceleste joue, un certain Javier Zanetti est sur le terrain.

Ce défenseur expérimenté qui a seulement manqué la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006 est le recordman de capes avec la sélection argentine. Aussi est-il bien placé pour analyser l'actualité de l'équipe dirigée par Diego Maradona. Après la terrible déculottée (1:6) reçue en Bolivie, l'Argentine se prépare à affronter la Colombie et l'Equateur. El Pupi a répondu aux questions de FIFA.com.

Comment analysez-vous ce qui s'est passé en Bolivie ? Personne n'attendait une défaite aussi lourde...

Nous avons fait un match horrible, très mauvais pour nous, très mauvais pour les supporters. Nous en sommes conscients, mais maintenant, le moment est venu de tourner la page et de penser au prochain match. Nous devons gagner pour nous remettre sur la voie de la qualification. C'est ce que nous cherchons.

Quel enseignement tirez-vous de ce match ?

Les conditions de jeu étaient spéciales, surtout si l'on tient compte de l'altitude. Mais nous ne voulons pas chercher d'excuses. Nous avons commis beaucoup d'erreurs, qui ne vont pas se reproduire, j'en suis sûr.

Ce revers hypothèque-t-il vos chances de qualification ?

L'idée ne me traverse même pas la tête que nous pourrions manquer Afrique du Sud 2010. La seule façon d'atteindre notre objectif, c'est de gagner les six derniers matches. Nous sommes motivés et nous travaillons pour y arriver.

Que pensez-vous de vos prochains adversaires, la Colombie et l'Equateur ?

Les deux matches vont être très difficiles, comme tous ceux des éliminatoires. Les deux équipes ont encore la possibilité de se qualifier, ce qui les rend encore plus dangereuses. Sur le papier, le match contre l'Equateur sera plus difficile car c'est à l'extérieur, mais nous respectons tous nos adversaires. En revanche, nous n'avons peur de personne. Nous avons besoin des six points et nous allons tout faire pour les prendre.

Avez-vous peur que le match de Quito ressemble à celui de La Paz ?

Ce n'est jamais facile de jouer en altitude, mais la leçon reçue en Bolivie est retenue, même si elle a nous a fait mal.

Peut-on dire que les deux prochaines rencontres sont les plus importantes des éliminatoires ?

Elles sont extrêmement importantes, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il restera quatre matches, tout aussi importants. Nous devons être prêts à lutter jusqu'à la fin.

Ces éliminatoires sud-américaines semblent plus homogènes que les autres années...

Je ne sais pas si elles sont plus difficiles que les dernières fois. Pour les joueurs comme nous, qui évoluent en Europe, ce n'est pas simple de jouer entre 50 et 60 matches par an et d'être à notre meilleur niveau après autant de déplacements. Mais c'est un honneur de revêtir le maillot national et la dépense d'énergie en vaut la peine.

En tout cas, vous disposez d'une star nommée Lionel Messi. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?

Leo est un joueur extraordinaire qui a montré toute sa valeur en finale de la Ligue des champions et à chacun de ses matches avec l'Argentine. Malgré sa jeunesse, je ne crois pas qu'il ait besoin de conseils de ma part, ni de la part de personne d'ailleurs. J'espère seulement qu'il pourra se maintenir à un niveau aussi élevé.

Parlons de votre avenir international avec la sélection albiceleste. Afrique du Sud 2010 pourrait-elle être votre dernière compétition avec la sélection ? Il reste encore la Copa América 2011 en Argentine...

En football, c'est difficile de prédire l'avenir. Pour le moment, je veux juste jouer chaque match comme si c'était à la fois le premier et le dernier de ma carrière. Dans ma tête, j'ai envie de jouer pour l'Argentine chaque fois que le sélectionneur me convoque. Je mentirais si je disais que je ne suis pas fier de détenir le record de sélections.

Qui sera le prochain Javier Zanetti ?

Franchement, je n'aime pas trop les comparaisons. Chacun a ses caractéristiques, mais l'Argentine regorge de joueurs fantastiques. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour l'avenir.

C'est pour cette raison que des joueurs qui brillent en Italie, comme Esteban Cambiasso et Diego Milito, n'ont pas leur place en sélection ?

Chaque décision est personnelle. De toute façon, c'et une affaire de principes. Je n'aime pas parler des choix de mes entraîneurs. Ce qui est sûr en revanche, c'est que Cambiasso comme Milito sont d'excellents joueurs, tout comme ceux qui ont été pris à leur place. Parfois, le choix des joueurs peut s'avérer très difficile !

La première Coupe du Monde de la FIFA sur le sol africain approche. Voyez-vous cela comme un moment historique ?

C'est sûr. La Coupe du Monde 2010 va entrer dans l'histoire ne serait-ce que pour cette raison. C'est une bonne nouvelle car ça confirme le développement du football dans le monde entier. En tout cas, je suis sûr d'une chose : ça va être une grande fête pour tout le monde.

Faut-il s'attendre aux favoris habituels ou à des surprises ?

Tout le monde va avoir du mal contre les équipes africaines. Après, oui, il y aura les favoris habituels : l'Italie, la France, l'Argentine, le Brésil...

L'Italie est-elle en mesure de conserver son titre ?

Je n'ai pas l'habitude de regarder chez les autres, mais l'Italie, j'y suis chez moi depuis 14 ans. J'ai beaucoup de respect pour ce pays, qui m'a tout donné. Cela dit, je ne vais pas mentir : pourvu qu'elle ne conserve pas son titre, car je veux que l'Argentine gagne (rires).

Imaginons qu'un génie sorte d'une lampe et vous demande ce que vous préférez gagner en 2010 : la Ligue des champions avec votre club ou la Coupe du Monde de la FIFA. Que choisissez-vous ?

Je l'implorerais de gagner les deux ! Parlons sérieusement, le seul moyen d'atteindre ses objectifs, c'est de travailler dur et de jouer sans peur. Quand on arrive à être dans cet état d'esprit, on n'a plus de limites.

Retranscrit par Ibracadabra Il Genio (FIFA.com)