FRANCESCO TOLDO : "RESTERAIS-TU A VIE A L’INTER ?"

MILAN - A l’occasion de l’émission "Inter 100 e lode", retransmise sur Sky Sport, Francesco Toldo, s’est dévoilé au cours d’une entrevue réalisée par la chaine au centre sportif "Angelo Moratti".

Internazionale.fr vous propose l’intégralité de cette entrevue de l’ancien numéro un international italien:

Toldo: Quelle élégance...

"Il sourit.... C'est la première interview que je fais cette année. Je me suis même achet la veste pour l'occasion... Je commence à avoir un certain âge ou la porter est quasi obligatoire."

Savais-tu que ton équipier à l'Inter, Paolo Orlandoni, a débuté sa carrière chez les jeunes à l'Inter ?

"Je le savais car de 1988 à 1990 il jouait en Primavera avec l'Inter et moi avec celle du Milan, nous étions jeunes et il n'y avait pas encore de rivalité. Quand tu as 17-18 ans et que tu joues en Primavera il n'y a pas de rivalité entre collègue. Ensuite nous nous sommes toujours rencontré d'année en année car il jouait à Piacenza et moi à la Fiorentina: Notre relation est faite d'estime, de sympathie de quelque chose d'autre en plus."

Que te rappelles-tu de ces années-là ?

"Il sourit.... Je reviens des années en arrière... Je me rappelle de tant de choses particulières. Et quand j'y pense je souris car c’était de très belles années, des périodes durant lesquelles j'ai commencé à évoluer comme gardien et une série de situations ce sont enchainé, ce qui m’ permis de graver les échelons."

Que retiens-tu de ces années ?

"La volonté de m'entrainer et de me sacrifier, et aussi l'humilité. Je crois avoir vécu d'éblouissantes années, couronnées de grands succès et de belles parties. Cependant, je suis toujours resté humble."

Il te reste aussi encore tant d'envie de vous amuser...

"Oui, car je vais aux entrainements en toute euphorie, je cherche toujours à rire et plaisanter. On plaisante car le travail que nous faisons est très beau, il nous permet de rester en plein air et d'être au contact l'un l'autre. Donc on s'y amuse toujours, nous avons de la chance de faire un tel travail."

N'as-tu jamais senti le poids des entrainements ?

"Non jamais. Depuis que j'ai commencé à faire gardien j'ai toujours trouvé des préparateurs qui font du travail la priorité. En conséquence, je n'ai jamais ressenti ce poids. Ensuite tu vis mieux cette situation, plus tu prends de l'âge et plus tu t'éloigne de ce tourbillon que peut créer le football et tout le système qui l'entoure. Si l'on vit en prenant plus tes distances, on réussit mieux ce jeu."

A quel point de ta carrière penses-tu être arrivé en ce moment ?

"A 37 je pense que c'est un excellent point. J'ai débuté en Serie A en 94/95 avec la Fiorentina, après avoir passé une année en Serie B, puis je ne me suis plus arrêté excepté cet hiver sur blessure. Je crois que ma carrière, en ce qui me concerne, doit encore finir. Maintenant, même si ce n'est pas en tant que protagoniste principal, je suis entrain de récolter les fruits des années de programmation et de travail. Ceci grâce à l'Inter aussi qui évolue toujours au plus haut niveau et qui nous permet chaque année de satisfaire nos tifosi."

Ton contrat avec l'Inter s'achève l'année prochaine ?

"Il sourit....Ils ont voulu me prolonger pour une autre année. Il se termine en 2008-2009, cependant ce n'est pas encore finit car l'Inter a une option pour la saison 2009-2010 qu'elle doit éventuellement pratiquer entre le décembre de cette année sportive."

Resterais-tu à vie à l'Inter ?

"On ne peut jamais dire ce qui se passera dans la vie. Dans ma jeunesse, je n'ai jamais respecté un programme. Donc j'évite d'en faire, même si pour moi, ce club est un exemple et une famille pour tant de motifs.

Comment fais-tu pour toujours répondre présent ?

"En ce qui me concerne, il faut par nécessité être toujours être prêt à tout moment. Le rôle de portier est tellement difficile... Et puis tu as envie d'expliquer aux gens qui ne voient pas certaines choses, comment vont les choses quand tu subis un but... Cependant je me suis fondu dans cela, je crois quoiqu'il en soit avoir assuré un bon boulot sur le peu de matchs que j'ai joué pour l'instant."

Peut-on s'habituer à un rôle différent de celui que l’on a toujours connu dans sa vie ?

"Sincèrement j'ai du mal à m'habituer à ce rôle. J'ai été titulaire pendant si longtemps et pour moi cela a été compliqué de m'habituer à cette situation. Si un gardien s'accommode à faire la doublure, il est difficile cependant de répondre présent quand il le faut. Je suis toujours d'attaque et j'essaie d'être prêt en permanence. Je suis content de cela aussi, car je réagis bien dans la difficulté. Je dois dire que les choses se sont bien passées pour l'Inter dans ces trois années, il n'y a pas de polémique interne à faire d'autant plus que tout va sereinement actuellement."

Quel entraineur aurait pu ne pas aligner quelqu'un comme Julio Cesar, qui a été l’auteur de plusieurs très grandes prestations sur ces dernières années ?

"Effectivement Julio s'est beaucoup amélioré, après une période d'adaptation il est entrain de faire un très bon travail et de devenir un cadre de cette équipe. Dans plusieurs matchs il a su lever le ton et je dois dire qu'il est entrain d'acquérir toujours plus de sécurité et d'assurance dans son rôle. Il est jeune, la chose la plus difficile maintenant est la confirmation, mais il peut faire partie des trois meilleurs gardiens du monde."

Quels rapports entretenez vous depuis ces années ?

"La loyauté, j'ai beaucoup travaillé ces années pour avoir de l'espace. Je crois que la loyauté que j'ai démontrée envers lui et envers l'équipe, est une stimulation pour lui aussi. Même Julio a du ne pas se reposer sur ses lauriers et démontrer ses capacités, la concurrence stimule et augmente la pression sur le terrain."

Dans les vestiaires de l'Inter, la sérénité que transmettent les moins jeunes est aussi importante....

"Nos vestiaires sont très unis, même une parole dite d'une certaine manière tranquillise le groupe. Je vois que l'on cherche l'analyse d'un coéquipier expert pour avoir le bon coup d'œil et le mot juste. Ces paroles viennent de personnes qui sont attachées à ce maillot. Lors des trois dernières années je pouvais aussi partir de l'Inter, mais je n'ai pas pu le faire car j'ai un grand respect pour ce club, pour cette équipe et pour la famille Moratti qui je crois est un exemple pour tous."

Tu as disputé un grand match pour ton retour de blessure, contre la Juventus.

"C'était un grand risque car je revenais d'une blessure de trois mois, mais c'est la vie sportive d'un gardien qui le demande. Sous ce point de vue ça a été un paris gagnant."

La carrière sportive de Francesco Toldo durera-t’elle encore longtemps ?

"J'ai 36 ans et demi, depuis que j'ai eu 32-33, on disait que je commençais à être vieux, mais ce sont toujours les autres qui l'ont dit. Mis à part cet hiver pour blessure, je n'ai jamais raté un entrainement, j'ai un très bon physique qui réagit bien, je m'amuse toujours et cela est une chance pour moi. Quand il commencera à me lâcher, je lèverais le bras et arrêterait en accord avec le Président."

Comment va l'Inter actuellement ?

"Après l'élimination en ligue des champions, les réunions se sont multipliées avec et sans les dirigeants ou le staff technique. Et je dois dire qu'une volonté d'en finir avec les polémiques qui viennent de l'extérieur est née chez nous, au sein du groupe il n'y a pas de polémique et il y'a une forte volonté de démontrer que le moment de difficulté est passé et que l'on va tous dans le même sens. Et cela doit être clair pour ne pas se laisser aller au diverses critiques de la part du monde sportif journalistique. Cependant il faut aussi dire que nous ne sommes pas les seuls à être en difficulté: ça ne concerne pas que nous, c'est déjà le printemps et pour les autres c'est l'été ou l'automne et ils sont frais. Sur n'importe quel terrain durant cette période final de championnat, il y'a de la difficulté surtout contre les équipes qui doivent lutter contre la relégation et qui ont besoin de points. Ce sera très dur de gagner ce championnat, mais ce sera dur aussi pour ceux qui sont derrière nous."

Pourquoi l'Inter n'a pas réussi à briller en Champion’s League, en dépit de sa domination depuis maintenant deux ans, sur le championnat italien ?

"L'Inter doit encore s'améliorer sur ce point selon moi, affronter les grands matchs avec le bon état d'esprit et ceci est un cap que l'on doit franchir. Ensuite je crois que cette mentalité doit être liée à la politique d'entreprise du club. Dans tous les cas je crois qu'après Liverpool, nous avons eu un moment de difficulté qui est désormais tranquillement passé."

Y a t-il des matchs que tu as disputé, et dont tu te rappelles plus particulièrement ?

"Non je ne m'en souviens pas. Malheureusement ou par chance, j'oubli les grands matchs et les parades que j'y ai faites. Parmi celle dont je me souviendrais toujours, la demi-finale de l'Euro contre les Pays-Bas et le Valence-Inter, je pourrais aussi me rappeler aussi de la finale de l'Euro des moins de 21 en 93: Même si j'avais 22 ans je l'envisageais comme une finale d'une grosse compétition. Je pourrais même me rappeler le match de Wembley avec la Fiorentina (Il sourit) au final je fermerais le stade par désespoir et en ferait un autre. Il y'a eu bien d'autre matchs, mais je ne crois pas qu'il est juste de se rappeler d'un gardien pour un ou deux match. Personnellement mes plus belles parties ne sont pas liées à mes plus grandes parades, les plus grands matchs sont ceux ou le gardien est satisfait au coup de sifflet final car durant le match il a été parfait. La perfection pour un gardien n'est pas liée à de grandes parades. Dans tous les cas, le match contre la Hollande est vraiment exceptionnel, un peu magique aussi au vue de la situation qui y'a été crée."

N'as-tu jamais discuté avec Roberto Donadoni, en vue du prochain Euro ?

"Sincèrement nous nous sommes juste rencontré dans une pizzeria. Cependant nous nous sommes jamais donné de rendez vous, même pas par téléphone. J'ai fait savoir ma disponibilité, cependant je retiens comme juste les décisions qu'il a prises. Il sait sans doute que je suis une personne de confiance, donc si le besoin s'en ressent il n'y aura pas de soucis. Autrement ça ira comme c'est entrain d'aller, très bien donc."

Pourtant tu avais définitivement renoncé à la Nazionale il y a quelques années ?

"En 2004, après l'Euro au Portugal j'ai pensé en prenant ma retraite internationale me dédier complètement à quelque chose de différent. J'ai dit ça suffit car il y avait trop de déplacement à faire, c'était aberrant. Si il y avait deux jours de libre avec le club, il fallait de suite aller en équipe nationale. Et quand tu commences à élever un fils et qu'un autre arrive par la suite... J'ai préféré me consacré à mes fils. Cela dit je me suis arrêté en 2004 et en 2006 ils ont gagné la Coupe du monde. Cela été une étape importante pour l'Italie. Il sourit....J'invite donc les entraineurs à préparer moins de déplacements: un joueur évoluant en équipe nationale passe 5 mois en déplacement sur les 12 mois avec aussi la ligue des champions, championnat et coupe d'Italie, en faisant un calcul rapide."

Ne devriez-t-il pas avoir un regroupement selon toi ?

"Cela ne doit pas être quelque chose systématique. Cela doit avoir lieu peut être le moment ou l'entraineur retient opportun de regrouper l'équipe pour constituer un groupe. Cependant, quand en arrive un peu de monotonie, c'est plus productif de ne pas en faire. C'est comme quand un entraineur voit que l'équipe est fatiguée et décide de faire un entrainement additionnel a ce qui était prévu, c'est tout une psychologie."

Cela t’as-t’il déçu que le but que tu as inscrit contre la Juventus ait finalement été attribué à Vieri ?

"Sincèrement je m'en fiche. Cependant, vue comment c'était parti il s’agit de quelque chose d'inoubliable pour moi. Je suis monté uniquement deux fois comme cela dans ma carrière pour aider l'équipe à marquer: La première fois mon coéquipier ne m'avait pas vu et a joué le corner avant que j'arrive dans la zone de but, la deuxième fois c'était contre la Juventus et j'ai touché ce fameux ballon... Dans les années qui ont suivit, nous avons tant plaisanté avec Bobo à propos de ce but. Même s’il n'avait pas touché le ballon c'était à lui qu'il fallait l'attribuer car les attaquants sont tellement égoïstes que même au risque d'empêcher le ballon de rentrer, ils essaient toujours de le toucher même sur la ligne de but. Mais c'est ça l'égoïsme des attaquants."

Le match contre l'Atalanta sera fondamental pour la course au Scudetto ?

"Nous ne devons pas faire de calculs car ça peut être préjudiciable au final. Toutes les parties sont fondamentales, et je vous assure que ce n'est pas une phrase balancée en l'air. Les points en jeu ce dimanche auront leur point d'ici à la fin du championnat. Ce sont trois points qui pourraient nous donner un énorme avantage si nous arrivons à les conquérir."

Est-ce vrai que tu souhaites que ton fils ne soit pas gardien ?

"Il sourit....Qu'il fasse tout sauf gardien... Car nous autres gardiens nous en prenant toujours plein la gueule, car nous avons toujours de grandes responsabilités. C'est un rôle agréable car il comporte plein d'émotions, mais je lui souhaite quelque chose qui en porte moins. Il y'a un jugement positif quand tu ne prends pas de but. En revanche quand tu en prends, l'attaquant se tourne vers les milieux qui se retourne vers les défenseurs qui eux pointe le gardien du regard. Et le gardien vers qui doit il se retourner? Vers les tifosi mécontents. Donc c'est toujours la faute du gardien... Je crois que le bon âge pour un gardien est de 30 ans à plus, ensuite si tu trouves un entraineur qui te fait confiance à 25 ans c'est mieux car tu seras encore plus mature à 30 ans."

Posté le 05 avril 2008 à 21.15 par Seth

Sources associé(e)s: Inter.it