UCL. AVANT-MATCH. MOURINHO: "JE NE PENSE QU'A L'INTER"

Damien · 20 avril 2010

APPIANO GENTILE - José Mourinho a rencontré les journalistes en conférence de presse au centre sportif 'Angelo Moratti' avant le match Inter-FC Barcelone de mardi soir comptant pour les demis-finale aller de l'UEFA Champions League 2009-2010.

Internazionale.fr a le plaisir de vous proposer l'intégralité des propos de l'entraineur nerazzurro :

Inter-Barça, cela pourrait être considéré comme une sorte de finale avant la lettre. Est-ce aussi votre avis ?

"Dire que c'est une finale avant la lettre, cela ne me plait pas, ça n'existe pas. C'est une demi-finale qu'on doit gagner pour jouer la finale, la vrai finale, qui est l'unique qui existe. Même lorsqu'il s'agit d'une Coupe du Monde, cela ne me plait pas de jouer un match pour la troisième ou la quatrième place, parce que c'est une rencontre qu'on joue pour rien. La finale, elle est à Madrid, ce n'est pas Inter-Barça, ce sera avec l'Inter ou avec le Barça. Lyon et le Bayern méritent le respect parce qu'ils sont arrivés comme nous et le Barça jusqu'en demi-finale, ce sont des équipes de qualité, qui ont aussi 25% de chance de gagner la Champions League, ce sont des équipes avec une histoire. Les lyonnais accèdent pour la première fois en demi-finale mais ils sont arrivés 3 ou 4 fois en quarts de finale, c'est une équipe régulière qui cherche à aller le plus loin possible dans cette compétition, ils ont éliminé le Real Madrid et une autre équipe française alors que ce n'est pas facile de jouer contre une équipe du même pays. Ensuite, le Bayern Munich a l'un des meilleurs entraineurs au monde, des joueurs de qualité et une riche histoire en Champions League. Ce sont toutes deux des équipes qui méritent de gagner, donc on ne peut pas parler de finale avant l'heure. C'est ce que je pense, j'ai du respect pour les autres équipe et je sais qu'il n'y a qu'une seule finale. Une finale avant l'heure, ça n'existe pas."

L'Inter joue le match aller à domicile, est-ce un avantage ?

"Généralement, ça se passe toujours comme ça avec moi. Quand j'ai gagné la Champions League avec Porto, ce fut la même histoire: nous avions joué notre match aller contre Manchester à domicile, nous avions joué notre match aller contre Lyon à domicile, nous avions joué notre match aller contre le Deportivo à domicile. Ensuite lorsque nous sommes arrivés jusqu'en demi-finale avec Chelsea, nous n'avions joué le match retour à la maison que contre le FC Barcelone, mais avant, nous avions joué notre match aller contre le Bayern à domicile et ensuite nous avions aussi joué le match aller contre Liverpool à domicile. Et c'était la même chose l'année suivante et encore maintenant cette année: pour moi, le chemin pour arriver loin en Champions League n'a jamais été un chemin facile. Évidemment, c'est toujours plus difficile de jouer le premier match à la maison."

Combien d'heures avez-vous passé à regarder le Barça en DVD ces derniers 5-6 mois ? Et ensuite, pouvez-vous nous parler de Puyol ?

"Durant ces quatre derniers mois, aucune minute. Durant ces 15 derniers jours, j'ai vu Inter-Barça deux fois, Barça-Inter deux fois, une fois leur match contre Stuttgart, une fois leur match contre le Real Madrid, une fois leur match contre Arsenal, rien de plus normal. Puyol ? Je pense que c'est toujours le même que celui qui a travaillé avec moi il y a dix ans, je ne pense pas qu'il avait 31-32 ans mais 21-22 ans, et la meilleure chose que je puisse dire de ce joueur, c'est qu'il a toujours le même enthousiasme et la même passion, on ne peut rien dire de mieux. Malgré les succès, il n'a pas changé et c'est la meilleure chose que je puisse dire d'un joueur."

Ces dernières semaines, Messi a changé de position, il est plus au centre: pensez-vous que cela sera plus dur pour le contrer ?

"Nous allons d'abord voir où il jouera demain parce que je ne le sais pas, aucun de nous ne le sait. Il peut jouer à droite, à gauche, comme avant-centre comme lors du match à Madrid, derrière Ibra comme il l'a fait à Arsenal, derrière Bojan comme il l'a fait contre Arsenal à la maison, sur le côté droit comme il l'a fait contre nous à San Siro lors de la phase de poule, nous ne savons pas. Nous savons juste que c'est un joueur important, qu'il a besoin d'une attention importante, mais dans ma culture, le football ce n'est pas un homme, ce n'est pas comme au basket ou dans d'autres sports où la culture du marquage est individuel, ce n'est pas dans ma culture, et c'est pour cette raison que demain la rencontre ne sera pas 'un contre Messi' et '10 contre 10', mais sera une rencontre '11 contre 11'. Mais c'est évidemment un joueur qui mérite une attention spéciale parce que c'est un joueur que tous nous connaissons."

En novembre, le Barça semblait plus fort que l'Inter. Est-ce encore le cas maintenant ?

"Lors de notre rencontre en phase de poule, le Barça a démontré sa supériorité, a gagné, a gagné tranquillement, a mérité de gagner, mais nous avons la capacité de répondre à cette supériorité. C'était en novembre et depuis, ils ont fait du chemin, et nous avons fait le nôtre. Je pense qu'ils sont toujours bons, comme ils l'étaient en novembre, mais il me semble que nous, nous sommes meilleurs que nous l'étions en novembre. Je comprends que dans le monde du football, tout le monde dise qu'ils sont meilleurs, mais pour moi, ce n'est pas une insulte, je le prends avec tranquillité. Je pense que c'est du 50-50."

Ce nouveau tête-à-tête en championnat peut-il avoir des incidences en Champions League ? Et avez-vous été surpris par le double changement de la Roma à la mi-temps où Totti et De Rossi sont sortis ?

"Je ne parle pas du championnat."

Il me semble que la demi-finale intéresse aussi un autre club: le Real Madrid ne veut pas voir le Barça en finale, qu'en pensez-vous ?

"Je pense que le Real Madrid est trop grand pour être heureux du non-succès des autres. Je pense que le Real est un club mythique qui doit être heureux de ses succès, les autres, ce n'est pas leur problème. Je pense que c'est un drame pour le Real que le Barça joue la finale à Bernabeu mais le Real doit se préoccuper de ses succès et de son futur. Je comprends qu'ils soient déçus par le fait de ne pas jouer cette finale, de la même façon que nous le sommes quand nous ne gagnons pas les matchs que nous voulons, mais je ne suis pas heureux si quelqu'un ne gagne pas. Je veux gagner. Je pense que c'est la même chose pour le Real."

Que pensez-vous du fait que le Real Madrid pense à vous pour l'année prochaine ?

"Je suis à l'Inter, j'ai un contrat avec l'Inter. Le Real a un entraineur, un bon entraineur. Le monde d'aujourd'hui, le monde du football, est plein d'informations, certaines sont vraies, certaines sont fausses, certaines sont a moitié vraies et certaines sont des spéculations. Je dois jouer le championnat, je dois jouer la Coupe d'Italie, je dois jouer la Champions League, je dois jouer tous les trois jours. J'ai une rencontre décisive à jouer, toutes les rencontres sont décisives et je ne peux pas me tromper, je suis trop préoccupé par l'Inter pour penser à autre chose. Je dois rester tranquille et travailler pour l'Inter."

Verrons-nous une Inter offensive avec Sneijder et trois attaquants ou une Inter plus sûre au milieu de terrain?

"C'est la question à un million (ndlr: il sourit). Dans quelle position jouera Messi? Est-ce Maxwell ou Abidal qui jouera? Alves jouera-t-il défenseur droit ou plus en avant comme à Madrid? Milito jouera-t-il avec Puyol jouant au poste de latéral ou Milito ne jouera-t-il pas? Joueront-ils avec Keita au centre ou sur le côté gauche? J'aimerais beaucoup savoir ces choses, mais malheureusement Pep ne m'appelle pas pour me les dire et malheureusement, il ne me semble pas qu'il réponde à ce genre de choses en conférence de presse."

Le Barça a fait un très long voyage en car pour arriver à Milan. Est-ce que ça pourrait se ressentir sur le match?

"Je ne sais pas, je ne pense pas, mais c'est une question à leur poser à eux. C'est leur corps qui peut répondre, c'est leur tête qui peut répondre. Si la même chose devait m'arriver, j'essayerais de transformer un problème en quelque chose de motivant et d'amusant, quelque chose qui fasse sentir l'équipe encore plus unie à travers cette difficulté. Ça ne me semble pas être un drame. Nous sommes allés à Moscou pour jouer contre une équipe qui était au repos depuis une semaine et nous avons joué, nous avons rencontré un terrain synthétique et nous avons joué."

"Bien sûr, c'est plus agréable de faire un voyage de deux heures en avion que huit heures en car, c'est certain, ne soyons pas hypocrites. Mais par exemple Bergkamp préférait le car, ça dépend. Même Mariga préfèrerait aller à Barcelone en car plutôt qu'en avion, mais seulement je ne lui donne pas la possibilité de choisir. S'il pouvait choisir, il irait en car (ndlr: il sourit)."

Guardiola ne s'est pas plaint de l'absence d'Iniesta. Selon vous, son absence peut-elle, d'un point de vue tactique, être comparée a celle d'Essien à Chelsea au niveau des effets sur votre comportement tactique et le genre de match à faire?

"Mais depuis combien de temps Iniesta ne joue-t-il pas? Il a passé beaucoup de temps sans jouer, il a été blessé, ensuite il est revenu, après il a été sur le banc, puis l'équipe jouait bien et gagnait avec ce système de jeu, il ne me semble pas qu'une équipe comme le Barça puisse pleurer le fait qu'un certain joueur ne joue pas. Iniesta est fort, c'est sûr, nous ne le cachons pas, mais il ne me semble pas que l'équipe n'ait pas la capacité de répondre s'il n'est pas là. Je me souviens que lors du match à Milan en phase de groupe, ni Messi ni Ibra n'ont joué, et le Barça avait fait un match extraordinaire. Il ne me semble pas que l'absence d'Iniesta puisse être un grand problème pour eux."

Comment va l'Inter?

"L'Inter est dans une position dans laquelle le 99% des équipes européennes rêvent d'être. Physiquement par contre, elle est dans les conditions d'une équipe qui joue 70 matchs, elle n'est pas dans les conditions de celles qui en jouent 40. Et bien sûr, il y a une différence. Mais les équipes qui sont en ce moment en demi-finale de la Champions League sont toutes des équipes qui ont un grand problème: le Barça joue pour gagner le championnat et la Champions, le Bayern joue pour gagner le championnat, la Champions et la Coupe, Lyon joue pour gagner le championnat et la Champions, l'Inter joue pour gagner le championnat, la Champions et la Coppa. Nous sommes tous au même pied d'égalité à ce niveau, tous avec les mêmes très beaux problèmes à résoudre, mais ils sont très beaux. Bien sur, le fait de jouer un match par semaine et celui de jouer tous les trois jours, sont deux choses bien différentes."

Comment sont les nuits de Mourinho avant un match important? Est-ce qu'il dort?

"Je dors, je dors. Avant le match oui, après le match par contre non, car après le match, on a toute l'adrénaline en nous et c'est donc difficile de dormir. Mais avant le match, je dors toujours très bien."

Voulez-vous faire un bilan de la saison, ou faut-il encore attendre la fin de la saison?

"Je peux faire un bilan et dire que c'est une saison spectaculaire, une saison absolument spectaculaire, mais il faut attendre jusqu'à la fin pour dire si je serai satisfait, et si à la fin elle sera spectaculaire ou non. Je n'aime pas les "presque", dans ma carrière il y a 3-4 "presque": j'ai presque gagné une seconde Champions, j'ai presque eu la troisième Champions... Mais ma carrière est plus pleine de faits que de "presque", et c'est pour cette raison que je vais jusqu'au bout, jusqu'au bout de chaque match, de chaque compétition, pour essayer de gagner des titres. Nous pouvons arriver avec trois, deux, un ou zéro titres. Entre zéro et trois, il y a une grande différence, mais dans énormément de cas, ce qui fait la différence entre zéro et trois, ce sont les détails. Et ces détails sont vraiment très importants en ce moment."

Au jour d'aujourd'hui, le Barça est-elle l'équipe la plus forte du monde ?

"Nous verrons. Selon moi, l'équipe la plus forte du monde est celle qui a gagné la meilleure compétition, la compétition la plus prestigieuse du monde du football. Ils ont gagné la dernière et vu qu'ils l'ont gagné, c'est ainsi que nous devons lire la situation. Après il faut attendre et voir si l'année prochaine, le champion d'Europe sera le même ou pas..."

En Angleterre, ils sont tous très enthousiastes pour ce match entre l'Inter et le Barça. Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de cette demi-finale qui a toutes les caractéristiques d'une finale?

"Nous avons battu Chelsea, Barcelone à battu Arsenal, donc par notre faute, deux équipes anglaises ont été éliminées. Je comprends très bien que, vu la force des deux équipes et la qualité des joueurs, ce match réveille une forte attente, j'espère donc que le match sera à la hauteur des attentes. Ce soir et mercredi prochain, le monde entier nous regardera, c'est donc une grande responsabilité pour nous et j'espère que le match sera à la hauteur des attentes du monde entier."

Pouvez-vous nous expliquer en quoi l'Inter s'est améliorée par rapport aux deux matchs de groupe contre le Barça?

"Physiquement non, bien sûr que non. Mais tactiquement l'équipe est plus compacte, elle a évolué, la mentalité des joueurs en Champions a changé, bien sûr qu'elle a changé. La condition psychologique est bien sûr différente et ça a des conséquences sur la façon dont nous jouons et des résultats que nous faisons."

"Entrer dans cette compétition comme nous y sommes rentrer cette saison, avec toute la pression d'une Inter qui ne gagnait pas à l'extérieur, que ne jouait pas bien, qui avait peur, tout ça est très différent du fait d'être l'équipe qui a obtenu 5 victoires consécutives en Champions, qui a remporté ses matchs des huitièmes et des quarts et qui arrive maintenant dans un moment magnifique à jouer. Ceux qui ont peur de ce moment ne doivent pas être dans des équipes de cette dimension. Ceux qui arrivent en demi-finale doivent éprouver un grand plaisir de jouer et non pas la peur qui fait plus mal aux petits. Nous méritons beaucoup d'être en demi finale, nous le méritons vraiment, mais l'objectif, c'est la finale."

Quand l'Inter a tiré Chelsea, l'Inter a été donnée perdante, et au contraire elle a gagné, aussi bien à l'aller qu'au retour. Est-ce ce qui a fait le réveil de l'équipe et qui fait croire que ce sera un match très différent que ceux de la phase de groupe?

"Contre le Barça, nous avions fait un bon match à la maison, nous avions fait un match dans lequel le Barça a été seulement supérieur dans les dix premières et dans les dix dernières minutes, mais pendant 70 minutes, le match a été très équilibré. L'histoire de la possession de balle est une histoire qui ne me dit pas grand chose, vraiment pas grand chose. Si le match de demain se décide sur le pourcentage de possession de balle, nous avons déjà perdu. Mais le match de septembre m'a semblé être un match dans lequel nous avions bien joué, dans lequel nous avions bien contrôlé l'adversaire, dans lequel nous avions eu quelques occasions."

"Le match de Barcelone était un match durant lequel l'équipe n'était pas sur le terrain pendant 15-20 minutes, et c'est là que nous avions perdu le match, point. C'est un match pour lequel je préfère faire ce que j'ai fait, l'analyser, essayer de comprendre pourquoi, et essayer d'améliorer l'équipe par rapport à ce que nous avions fait. Mais nous sommes là pour jouer un match complètement différent. Une demi-finale est une demi-finale."

Comment va Eto'o? Aussi par rapport au problème à résoudre au tribunal concernant son transfert. Et comment va Mourinho?

"Eto'o va bien, il joue bien, il est physiquement très bien, il marque, il marque dans des moments importants, comme lors du but qui a éliminé Chelsea ou celui qui a emmené l'Inter en finale de Coppa Italia."

"En ce qui concerne le problème du tribunal, je ne sais pas, ce ne sont pas des choses qu'il apporte à l'entraînement, ce sont des choses qu'il laisse en dehors et ça ne me semble pas problématique."

"En ce qui me concerne, je vais très bien: par rapport à ma relation avec l'Italie, rien n'a changé, absolument rien, par rapport à l'Inter rien n'a changé, absolument rien, avec mes joueurs tout est comme avant, comme ça l'a toujours été. Il reste moins d'un mois, nous devons jouer la finale de Coppa, nous devons jouer la demi-finale de Champions, et nous devons jouer les quatre derniers matchs de championnat, donc je suis très bien. J'espère être dans la même situation l'année prochaine, je signerais déjà."

Rédigé par Trinikola, Didju222 et p-h08 (Inter.it)

Il Pazzo · 20 avril 2010

Merci pour la trad, super interview !

jipé · 20 avril 2010

Merci beaucoup les gars !

Hyper intéressant de lire cette interview après le match finalement, il y a des passages où j'ai halluciné tellement il avait anticipé les choses. Autant il avait pris une leçon par Guardiola en phase de poule, autant la revanche est vraiment somptueuse de la part de Mourinho.

Quel coach !