CHIVU: "JE REVIENS BIENTÔT"

MILAN - Un mois après ce tragique accident, Cristian Chivu explique à quel point il est fatigué de compter les heures qui passent lentement et nous parle de sa "seconde vie", du courage dont il fait preuve et de ces derniers jours où, avec sa femme Adelina et sa fille Natalia, ils essayent de fuir les paparazzis garés devant chez eux depuis des jours juste pour essayer d'avoir un cliché de la cicatrice qui recouvre la moitié de son crâne. Mais il a aussi reçu un MMS de ses coéquipiers avec la photo d'un blanc de poulet avec du fromage fondu, un plat qu'il mange souvent, avec le texte "C'est pour toi, il t'attend ici à Pinetina". Il en mangera peut-être ce soir, un mois pile après le terrible choc de la tête avec Pelissier. Quand Chivu reviendra à Milan, la première chose qu'il veut faire, c'est de dîner avec son équipe sur le terrain d'entraînement d'Appiano Gentile.

Internazionale.fr a le plaisir de vous proposer les déclarations du défenseur roumain :

La dernière fois, vous étiez à Verone, dans une ambulance, quittant le stade pour aller vous faire opérer: avez-vous un flash de ce moment?

"Non, je me souviens juste d'un bruit atroce dans ma tête qui faisait que je n'entendais plus rien. J'ai eu immédiatement un sentiment de peur qui m'a envahi. J'ai tout de suite compris ce qui m'arrivait parce que j'ai senti un trou dans ma tête. J'ai tout de suite su que je devais me faire opérer et le docteur Combi me l'a confirmé de la bonne manière lorsqu'il m'a emmené à l'hôpital."

A quoi pensiez-vous dans un moment comme celui-là?

"Je m'imaginais le pire... Cristian, nous allons maintenant t'ouvrir la tête et si quelque chose ne va pas? Ma vie, celle de Natalia et d'Adelina ne seront plus les mêmes? Est-ce que le football fera encore partie de ma vie?"

Avez-vous perdu conscience?

"Peut-être pendant une seconde ou deux maximum. Je me rappelle du choc mais pas de ma chute. Lorsque je me suis réveillé, j'étais sur le terrain. Quand j'ai revu l'accident, je m'en suis remis très lentement."

Vous l'avez donc revu?

"Oui, je voulais tout revoir à la télévision quand j'étais à l'hôpital, et ensuire j'ai voulu revoir sur internet. Je voulais comprendre et voir si c'était ma "faute", parce que je pense que j'aurais pu m'arreter. Pelissier, quand il est venu me voir à l'hôpital, m'a dit qu'il avait seulement vu une ombre quand il a sauté, mais c'était trop tard."

Si on vous avait demandé, avant ce 6 janvier, ce qui vous effrayait le plus dans la vie?

"J'aurais dit: que quelque chose arrive à ma fille. Et ce 6 janvier, j'ai eu peur de ne plus jamais pouvoir avoir peur pour ma fille. Je ne sais pas combien de choses ont traversé mon esprit à ce moment-là, mais il y en avait beaucoup. Mais je pense avoir été un bon patient parce que j'essayait de rester calme et de calmer ma femme. Je l'ai appellé et je lui ai dit: "j'ai juste un petit caillot de sang qui s'est formé en-dessous de ma peau, ils vont me l'enlever et je vais rentrer à la maison ce soir.". Je savais que c'était un mensonge."

"Quand l'opération s'est terminée, j'étais tellement heureux que j'ai commencer à appeler tout le monde et à envoyer pleins de messages. Quand les docteurs m'ont vu, ils m'ont confisqué mon téléphone pendant deux jours. La première nuit en soins intensifs a été un cauchemar, des gens venaient toutes les heures pour me réveiller et ils attendaient que j'aie les yeux complètement ouverts pour me poser des questions du genre: "Comment vous appelez-vous?" Cristian Chivu. "Où sommes-nous?" A Verone. "Comment s'appelle cet hôpital?" Comment le saurais-je. "Quel était le score?" 1-0..."

Quelles étaient vos motivations lors de ces moments?

"Le désir de vivre une vie normal, comme avant. Le fait de réaliser que même après ce malheur, j'ai toujours la chance de pouvoir encore jouer au football. Le fait de voir autour de moi des gens qui étaient dans des conditions encore plus terribles que la mienne. Dans le département où j'étais à l'hôpital de Verone, j'étais le seul éveillé, tous les autres étaient dans le coma. Et j'ai reçu tellement d'affection... Beaucoup de fans m'ont écrit et m'ont appelé, mais aussi des adversaires que j'avais rencontré et des entraîneurs que je n'avais jamais eu?"

Qu'est-ce qui vous manque le plus?

"De me réveiller en pensant à m'entraîner et à me préparer pour un match, sentir l'adrénaline qui monte avant de rentrer sur un terrain. Les choses de tous les jours, à la maison, à Pinetina et au stade."

Avez-vous demander aux docteurs quand vous alliez pouvoir rejouer?

"Je leur ai demandé juste avant l'opération, ils ont répondu oui. Je vais rejouer mais je dois être patient et je vais devoir attendre la prochaine visite pour savoir quand je pourrais retourner m'entraîner. J'espère que je pourrais revenir travailler dès la semaine prochaine pour courir et pour préparer mon retour."

A quoi pensez-vous maintenant?

Je pense d'abord que ce serait bien de revenir pour jouer Inter-Chievo. Je reviendrais en février afin de m'entraîner sans prendre le risque de me faire mal à la tête. Je serais capable de refaire des têtes à partir de mars et je reviendrai fin mars. Mais ça, ce sont mes calculs, nous devons maintenant voir les calculs des docteurs."

Avez-vous peur de revenir sur le terrain?

"Je pense qu'avec le désir que j'ai de revenir, il n'y a pas de place pour la peur, mon esprit est sain. Je me dis que j'ai déjà surmonté tant de choses que je peux aussi surmonter cela. Je n'aurai pas peur, je jouerai et je serai calme."

Est-ce qu'un casque pourrait vous être utile?

"Au début je me disais que non, mais j'en mettrai peut-être un, pourquoi pas. Si j'ai la permission bien sûr. Je pense que c'est moins gênant qu'un masque, mais je ne pense pas avoir besoin d'un masque."

Avez-vous vu que votre nom figure encore dans la liste pour la Champions League?

"C'était une très bonne surprise, parce qu'à chaque fois que j'y pensais, je ne m'attendait pas à y être. Cela veut dire que Mou a été rassuré et c'est une grande motivation pour moi de revenir le plus tôt possible."

A temps pour...

"Pour un autre Scudetto et peut-être pour la Champions League. Je transpirais en regardant le derby devant ma télévision ici à Bucarest, mais pour les deux matchs contre Chelsea, je serai au stade."

Cristian Chivu a maintenant les cheveux courts:

"Ils sont courts comme au temps où je jouais à la Roma."

Il ne ressent pas le besoin de cacher sa cicatrice mais ça lui a fait prendre conscience de certaines choses:

"Ce n'est pas que je me sente plus fort ou plus faible que je ne le pensais, mais le plus important dans ma vie ce n'est pas moi, mais les gens pour lesquels je vis. Et ça me fait encore plus apprécier la vie."

Rédigé par p-h08 (interpersempre.com)