EXCLU. MOURINHO: "C'EST L'INTER QUE JE VOULAIS"

BOSTON - Mourinho a donné une interview exclusive à la Gazzetta Dello Sport après treize jours de silence.

Internazionale.fr a le plaisir de vous proposer l'intégralité de l'interview parue dans la version papier de la Gazzetta Dello Sport.

Treize journées se sont passées dans le silence, un choix peut-être. Et l'inattendu est arrivé: maintenant, José Mourinho ne voit plus le risque que chaque phrase puisse être mal comprise. A cause de cela, il avait choisi de ne rien commenter: il ne savait pas quoi dire avec certitude, mais il pourrait y avoir une chance qu'il dise ce qu'il pense vraiment. Parler seulement de l'Inter mais pas du mercato ? Cela aurait été un discours à moitié déconnecté: l'Inter est encore dans les mains du mercato. C'est trop compliqué de slalomer entre les hypothétiques transferts, et de parler d'une équipe sans savoir ce qu'elle sera. Mais maintenant Mourinho le sait et il en parle, treize jours après avoir dit le 10 juillet: "ce n'est pas l'Inter dont j'ai rêvé, je ne suis pas Harry Potter pour gagner la Ligue des Champions, j'ai besoin de plus de qualités", après quoi il resta silencieux, jusqu'à hier.

Mourinho, l'Inter est-elle plus proche de ce rêve maintenant?

"Le rêve est plus equilibré, il l'est maintenant. Je voulais un défenseur différent en plus de ce que j'avais déjà, dominateur dans le jeu aérien et qui aimait jouer haut: Lucio; un milieu de terrain de qualité: Thiago Motta; Un milieu offensif: Hleb peut le faire; une pointe: Milito, qui me plait beaucoup".

Et l'échange Eto'o-Ibrahimovic est conclu ?

"Seul un entraineur stupide serait heureux de perdre Ibrahimovic, seul un entraineur stupide ne serait pas content d'avoir Eto'o. Et en fait, je suis très heureux de l'avoir".

Mais vous êtes-vous senti trahi par Ibrahimovic ?

"Je pensais qu'il allait resté, car seul le Real - qui ne misait pas sur lui - pouvait faire une "folie" pour lui, mais c'est le FC Barcelone qui l'a faite. Comme l'a dit Raiola, la tractation a durée un an, c'est un succès dirons-nous, lui, moi et l'Inter avons donné tout ce qu'on pouvait, toujours, mais tous les tifosi ne pleurent pas son départ, et sont prêts à aimer Eto'o."

Afin de ne pas regretter la façon dont ça c'est fini ?

"L'Inter avait deux possibilités: dire à Ibrahimovic "nous ne te vendons pas", ou prendre Eto'o, plus Hleb gratuitement pour un an, plus 50 millions. Cela me semble être une extraordinaire affaire, une affaire de 100 millions, l'affaire de l'été. Kaka 70 ? Ronaldo 96 ? celle-la est pour moi de 100 millions d'euros parce qu'Eto'o ne vaut pas un euro de moins qu'Ibra".

Et avec Carvalho et Deco, comment va la situation ?

"Nous avions prévu un échange entre Carvalho et notre défenseur (ndlr: Burdisso) et avoir Deco gratuitement, puis Chelsea a demandé 15 + 5 millions d'euros. C'est passé de zéro euro à vingt millions: c'est un peu trop demander à mon club".

Le choix Lucio ?

"Il n'est pas un deuxième choix mais une grande surprise: j'avais dit à Branca et Oriali de sonder pour Van Buyten ou Breno, ils m'ont proposé Lucio. J'ai dit oui immédiatement. Il a les pieds d'un phénomène, mais défend bien, il est aussi très rapide, il sait comment porter l'équipe, il ne parle pas beaucoup mais il se fait sentir. Je suis en train de l'essayer avec Chivu, les autres défenseurs me donnent d'autres alternatives mais Christian peut construire l'action de dérriere avec Lucio dans deux jours".

Et Hleb?

"Il court beaucoup, avec et sans la balle, il cherche la profondeur et donne de la vitesse au milieu de terrain. Il n'est pas un numéro 10 né, mais je l'ai souvent vu utilisé ainsi avec Stuttgart. Il peut aussi très bien s'adapter au 4-3-3: il l'a fait avec Arsenal et le Barça".

Bon, parlons d'Eto'o maintenant...

"La première fois que j'ai parlé avec lui, nous nous sommes disputés (ndlr: Barcelone-Chelsea en 2005) et j'aime les joueurs qui ont envie de se disputer après une défaite. Ensuite nous nous sommes revus à une Coupe d'Afrique et j'avais essayé de le faire venir à Chelsea: je le voulais lui et Maicon, mais le Barça et l'Inter demandaient 50 et 40 millions d'euros. Il y a une semaine je lui ai dit: "Je te voulais beaucoup, je t'attends". Il m'a répondu: "Si je pars du Barça, c'est seulement pour venir à l'Inter".

Et maintenant ce sera une Inter très différente?

"Complètement différente. Et de ce que je vois ces jours-ci, l'équipe est bien là. Avant, l'Inter tournait beaucoup autour d'Ibra qui était le point de référence offensif. Maintenant ce sera une Inter qui placera sa ligne défensive 20 mètres plus haut qu'avant, car elle pourra se le permettre avec la vitesse de Lucio et de Maicon. Ce sera une Inter qui aura beaucoup plus de possession de balle au milieu de terrain et donc une Inter qui aura plus le contrôle du jeu. Finalement ce sera une Inter qui jouera beaucoup plus en profondeur, car Eto'o est très rapide, Milito l'est un peu moins mais il a une réactivité fantastique".

Quel système de jeu?

"Ce qui compte ce sont les principes de jeu que je viens à peine de citer. C'est certain que le 4-3-3 a besoin de temps et de travail pour mettre en place les automatismes, alors que nous avons la Supercoupe italienne dans deux semaines et le championnat dans un mois. Les brésiliens viennent d'arriver, Eto'o et Hleb viendront en Chine sans avoir eu le temps de connaître l'équipe: le mieux serait de commencer à travailler aujourd'hui".

On aura donc au début le 4-3-1-2 et après le 4-3-3?

"Avec le temps nous pourrons le faire: Milito a joué de cette manière au Genoa, Eto'o à gauche à Barcelone et Hleb à Arsenal. Et je vois mieux Balotelli partir du côté pour aller provoquer les adversaires".

Balotelli vous énerve-t-il encore?

"Énormément. Lors de sa première saison en Série A c'était justifiable puisqu'il avait 17 ans, l'année dernière il en avait 18, maintenant il en a 19, mais s'il continue comme ça il arrivera à son septième championnat à 24 ans et il sera toujours le même. Il doit comprendre qu'il n'est pas un phénomène, que les phénomènes font la différence sur le terrain et non en dehors, qu'il doit être plus humble et plus ouvert pour apprendre de son entraîneur et de ses coéquipiers plus expérimentés".

Pourquoi ne le faites-vous pas monter sur une table pour lui faire faire une promesse solennelle, comme a fait Berlusconi avec Ronaldinho?

"Cette façon de faire m'a plue. Mais ma stratégie sera différente: il veut le numéro 10 et je ne le lui donnerai pas. Je n'offre pas le 10 à celui qui n'est pas prêt, je lui ai dit que le numéro était là et qu'il l'attendait pour l'année prochaine".

Attendez-vous d'autres renforts durant le mercato?

"Non, mais plutôt quelques cessions. Deux choses me déplaisent en ce début de saison: avoir travaillé jusque-là sans savoir dans quelle direction aller, et également le fait que nous soyons trop nombreux. Il y a trente-et-un joueurs alors que je ne peux travailler au maximum qu'avec 27, il y en quelques-uns qui doivent partir et ce ne sera aucun des espoirs. Celui qui décidera de rester ici contre mon gré ne jouera pas".

Selon Moratti, vous êtes l'homme-clé de cette Inter, cela vous plaît-il?

"Les hommes-clés sont les supporters, ensuite le Président, puis vient l'équipe. Un chose est certaine : le président et moi travaillons ensemble et il sait que j'aime pouvoir travailler avec cette équipe".

Mais est-ce, ou non, une équipe taillée pour la Ligue des Champions?

"C'est une équipe avec un bon effectif déjà, qui est devenue encore plus forte et équilibrée. Une équipe qui, quand elle arrivera aux moments décisifs, pourra se révéler plus adaptée à la C1, le reste nous attendons pour le dire. C'est certain que gagner une Ligue des champions avec l'Inter ou le Barça n'a pas la même saveur et je l'ai dit à Ibra aussi : "Si le Barça la gagne de nouveau ce ne sera pas grâce à ta venue, mais car c'est une équipe préparée pour gagner depuis des années".

Rédigé par Didju222, Stankovic, TanG & p-h08 (Gazzetta version papier)