Giuseppe Marotta, l’Administrateur-Délégué de l’Inter s’est présenté ce mardi après-midi à l’évènement organisé par le Campus San Giobbe. Voici l’intégralité de ses déclarations :
"Je peux exprimer ma fierté d’être présent ici. Je suis très lié à la ville de Venise, et ce depuis de nombreuses et belles années, surtout depuis que j’y ai obtenu la promotion en Serie A. J’ai accepté cette invitation car les jeunes représentent le futur de notre nation, je me souhaite que nombre d’entres eux puissent prendre part à la politique du changement dans le monde du football, qui est devenu un phénomène d'affaires et dont le stade revêt un aspect important."
"Je fais ce métier depuis plus de 42 ans et j’ai connu tous les changements de ce sport, des mécénats au monde actuel, dans lequel la Société Média Company Discovery que je représente a établi une structure. Avant d’intervenir sur certains points d'intérêts d’ordre généraux, je veux vous raconter l’ère où l’almanach Panini ne dédiait que trois grilles à l’organigramme des clubs de football : Il y avait le Président, le secrétaire et l’entraîneur."
"Par la suite, le Directeur Sportif s’y est ajouté. Dans les années 60, il s’agissait d’anciens joueurs qui avaient le droit de pratiquer certaines opérations de mercato sur le terrain. Dans ce même laps de temps, les stades se sont remplis et le Meazza, sans le troisième anneau avait une capacité de 60 à 70 000 personnes."
Les mécénats
"Cette façon de pratiquer est encore présente aujourd’hui et est liée à des transactions qui doivent répondre à des exigences, par exemple, les stades doivent répondre à des exigences qui n’existaient pas il y a une trentaine d’années : Au niveau de la sécurité où il n’est pas simple de la faire respecter, en passant par l’accueil, le sentiment d’appartenance. La présence des sponsors est importante et indispensable pour ceux qui veulent faire les choses biens."
"Les stades sont fondamentaux dans l’optique des recettes. J’ai participé, lors de mon expérience à la Juve, à la transition entre le vieux stade et le nouveau, et au-delà des bénéfices que nous avons engrangé sous l’aspect économique, ce dernier représente le douzième homme, avec des gens très proches, à quelques mètres des joueurs, il n’y a pas de piste d’athlétisme. Cela veut dire que l’on a, à l'esprit, les spectateurs."
"Pour revenir à l’aspect financier, le changement découlant du transfert de la Juve du Stadio Communale à celui de propriété a permis de tripler les recettes. Je dois aussi souligner que ce que gagne la Juve aujourd’hui ne correspond qu'à la troisième place de ce que perçoivent les plus grands d’Europe."
"Il est important de disposer d’un vrai stade, même s'il y a aussi un stade virtuel qui est formaté par les droits télés. Aujourd’hui, il n’est plus utile de construire des cathédrales déserte, mais bel et bien des pôles commerciaux où l’on peut y vivre au quotidien.'
'Il doit également y avoir une volonté importante de la part des responsables des clubs, qui se doivent de respecter certaines caractéristiques de continuité. A l’heure actuelle, en Italie, on constate des changements d’actionnaires et cela se répercute sur le moyen terme.... sur les constructions de ces structures qui doivent être fondamentales, comme un terrain d’entrainement.'
La Vision
"L’important est d’avoir une vision qui permet d’aller de l’avant, cela va au-delà de l’aspect purement bureaucratique. Pour construire un stade aujourd’hui, il est nécessaire de partir des Communes et des plans nationaux. Il faut en effet retenir que le stade est un phénomène de caractère national, et chaque étape intermédiaire représente une embûche. L’État doit faciliter les choses aussi en matière de fiscalité. Nous sommes un grand contributeur, pour qui une sorte de défiscalisation serait utile pour investir dans de futurs instruments destinés à faciliter notre parcours de croissance. La Serie A verse 800 millions d’euros, une somme qui doit être ajoutée à celle en provenance de la Serie B et de la Lega Pro."
"Les clubs sont trop sous pression en Italie"
"Si je prends cent tifosi d’une équipe déterminée à la sortie du stade, et si je leurs demande s’ils veulent d’une équipe qui gagne chaque dimanche, mais qui éprouve des difficultés économiques ou s’ils préfèrent une équipe saine, mais qui ne fait que des nuls ou qui perd, 99% des tifosi me diront qu’ils veulent une équipe qui gagne."
"Cela fait partie d’un facteur culturel, d’une éducation, d’une formation que l’Italie ne connait pas. C’est la démonstration de cette importante pression qui accompagne les clubs. Des pressions qui peuvent se produire en après-match, lors des défaites, sur des talk-show qui ont été construits en prenant soin de critiquer et de passer à la lessiveuse les adeptes du travail, nous sommes confrontés à ce contexte de critiques."
"Il aurait fallu créer un mouvement sportif pour ceux qui font face à cette culture de la défaite, une situation qui en Italie est mal vécue. En Angleterre, les tifosi restent aussi après une défaite au stade. Il faut sensibiliser à cette culture footballistique. Ce phénomène n’est pas vécu de la même façon dans d’autres pays. En Espagne, les clubs sont multi-sportifs, avec des centaines de supporters qui garantissent la continuité du Club."
"En Allemagne, les propriétaires étrangers ne peuvent pas y être majoritaire, cela fait partie de leurs sentiments d’appartenance à l’intérieure d’une structure formatée. S’ils perçoivent des investissements, ils disposent d’un panel de compétences qui minimise les risques de se tromper."
"S’il n’y a pas de continuité au niveau de la propriété, il n’y a pas de projection, mais il reste de la pression découlant du travail mal réalisé. Il ne faut pas oublier que les bilans des clubs sont liés aux résultats du dimanche."
"Tu travailles mieux dans la sérénité. En revanche, je ne trouve pas juste que le destin d’un entraîneur soit lié exclusivement aux résultats, car c’est une figure importante, un dirigeant fondamental dans le développement. Celui-ci est soumis aux critiques, aux tensions, au risque de renvoi, et ce, même s’il dispose de grandes capacités pour re-conditionner un groupe."
"La première chose qu’il faut enseigner aux tifosi, c'est de comprendre ce contexte dans lequel travaille l'entraîneur, dans lequel il vit, les émotions si fortes qu'il peut connaître et aller au-delà de toute rationalité."
Les Plus-Values
"Les joueurs sont les premières ressources d’un club, mais si tu te trompes souvent sur le recrutement, cela aura comme incidence qu’il te sera difficile de trouver des joueurs de qualité, techniques et physiques. Si nous le savions à l’avance, je remporterais le Toto Calcio."
"Nous partons de statistiques, donc d’économie sportive, mais il existe aussi un aspect humain. Il y a des réalités objectives, mais aussi des situations suggestives. Les joueurs sont des atouts, l'un sait ce qu’il devra faire, alors que pour un autre, il y aura ce besoin de comprendre qu’elles sont ses caractéristiques humaines, plus que sportives."
"La première phase concerne l’observation des joueurs. On doit déterminer s’ils sont plus ou moins doués pour jouer, ensuite il y a la négociation suivi de l’évaluation humaine qui fera la différence. Ronaldo en est un très bon exemple : Outre le fait d’être un joueur, c’est un champion."
"Nous avons tant de talents, tant de valeurs différentes, le football est le reflet de ces valeurs. La différence entre le talent et le champion est la plus importante : Pour devenir un champion, tu dois disposer de qualités humaines, te montrer intelligent, engranger de l’expérience, savoir être rationnel, avec un bon caractère. Les joueurs se doivent de savoir répondre à ces requêtes."
"J’ai eu la chance de gérer de joueurs tels que Cassano à la Samp et si je parle de lui, je dirais qu’il était talentueux. Il avait des qualités exceptionnels dans son Adn, mais il n’est pas parvenu à les exploiter et à grandir, il n’a pas su être catalogué dans les Champions, comme peut l’être Ronaldo."
"Lorsque l’on parle d’une construction d’équipe, on doit aussi parler du Mercato et de la capacité d’individualiser les joueurs sont des profils adaptés en vue de la construction de l'équipe à venir. Les joueurs doivent disposer d’un grand potentiel au niveau de l'aspect humain. Une équipe de football est un ensemble, un groupe qui devient ensuite une équipe, celle-ci disposera d’une vision collective, d’objectifs à atteindre et où chacun devra valoriser ses capacités personnelles."
Le Mercato
"Dans mes activités sur le Mercato, j’ai eu à faire à des joueurs annoncés comme de très grands talents, mais qui ont finalement démontré n’être que des joueurs normaux. Avant, le mercato était une période où durant l’été, les Tifosi cherchaient à trouver des nouveautés qui manquaient à une équipe déjà confirmée l’année précédente, avant il ne s’agissait que de renforts."
"À présent, cela a changé, avant il y avait des joueurs qui n’étaient que des sujets passifs, qui se devaient d’accepter les transferts. Mais dès 1981, avec la Loi 81, les joueurs ont entretenu un autre rapport avec les clubs, même s’ils en restaient dépendants, ce n’était plus ces "dépendants normaux", ils pouvaient décider de leurs destins.."
"Dans l’économie des équipes, le mercato est devenu un modèle d’affaire, il a un impact important sur les bilans, surtout au niveau des plus-values générées lors de la vente d’un joueur, cela peut avoir une portée historique sur les comptes, en générant une recette positive."
"Le caractère économique des plus-values est donc révélateur. Si l’on veut être plus compétitif, il y a lieu de recourir à ces plus-values pour faire tourner les comptes en faisant face au Fair-Play-Financier auquel nous sommes tous soumis. L’activité des recrutements des joueurs est donc importante, car les sociétés moyennent peuvent garantir leurs continuité."
"Piatek a été vendu au Milan en janvier avec une évaluation de 40 millions d’euros. À lui seul, il a rapporté une recette égale aux 50% du bilan du club. Cette situation vaut pour les moyennes et petites équipes, mais aussi pour les grandes qui veulent disposer d’une valeur qualitative d’équipe, capable de concurrencer les plus grands."
Le saviez-vous ?
Antonio Conte continue d'être une priorité pour Giuseppe Marotta. Dernièrement la déclaration de Ciro Ferrara a fait suggérer qu’il n’y aurait plus qu’en course que l’Inter et la Juve. Conte dispose d’un sponsor d’exception en la personne de Giuseppe Marotta. L’administrateur délégué continue à travailler en coulisse pour signer le Leccese.
Selon Gianluca Di Marzio, Beppe dispose d’une ultime carte dans sa manche, d’un atout qui pourrait s’avérer décisif pour le Suning : "Avec la permanence de Luciano Spalletti, l’Inter serait forcée de vendre, même à un prix qui ne lui conviendrait pas, Mauro Icardi."
Avec l’arrivée de Conte en revanche, une toute autre discussion pourrait avoir lieu quant à l’avenir de l’ancien capitaine.
®Antony Gilles - Internazionale.fr
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