L'Inter de Milan : Symbole d'une Europe ouverte

L’Internazionale est aujourd’hui un club de son époque après avoir été dans le passé un club précurseur de ce que peut être l’Europe actuelle.

Nous sommes en 2008. Une époque marquée par l’ouverture de l’Europe à un grand nombre de pays. Il semble loin le temps du chacun chez soit. Depuis 1992 et le traité de Maastricht, les ressortissants européens peuvent librement circuler dans les pays membres.

 D’un point de vue footbalistique, il aura fallu attendre le fameux arrêt Bosman, le 15 décembre 1995 pour permettre la libre circulation des joueurs européens et leur permettre de jouer en n’étant plus considérés comme des étrangers. Pourtant, si cela ne nous parait pas si lointain que cela, il y a un club qui aura été un véritable précurseur de son temps. Un modèle d’anticipation.

Il s’agit de l’Inter de Milan, dont le nom complet est le Football Club Internazionale Milano. Alors que beaucoup pointent du doigt le fait que le club entraîné par Roberto Mancini compte une très forte propension de joueurs étrangers, reniant de ce fait l’identité italienne, les libres penseurs affirmeront le contraire, à savoir que le club n’a jamais oublié sa propre identité.

Ce club n’est-il pas, au contraire, fidèle à ce qu’il est, c’est à dire un club qui a de tout temps fait la part belle aux étrangers comme son nom d’Internazionale l’indique ?

Contrairement à ce que l'opinion publique peut penser, l’histoire de ce club est riche, que seul un long passage à vide aura permis d’oublier. Les affres du temps sûrement. Mais depuis deux ans, les vieux fantômes ressurgissent afin de redonner son lustre d‘antan au club. L’inter de Milan est enfin redevenu ce qu’il aura toujours été, à savoir un club majeur italien, fondant son succès sur une forte main d’œuvre étrangère. Aujourd'hui, l'Inter est d'ailleurs l'un des clubs italiens comptant le plus grand nombre de joueurs étrangers.

Tout à commencé un 9 mars 1908 au restaurant L’Orologio. Un groupe de quarante-trois dissidents du club milanais existant, à savoir le Milan Cricket and Football Club, le Milan AC actuel, décident de créer leur propre club. Ils veulent ouvrir le club aux étrangers et se consacrer uniquement au foot, oubliant le cricket. Le Football Club Internazionale Milano est naît. Seulement deux ans après sa création, le club remporte le Scudetto, sous la présidence de Carlo De Medici.

La Première Guerre Mondial mettra entre parenthèses le championnat. Ce dernier reprendra ses droits en 1919 et permettra à l’Internazionale de remporter son second Scudetto, le premier de l’après-guerre. Cette période d’entre deux guerres voit également le club changer de nom. L’Inter devient Ambrosiana puis Ambrosiana-Inter sur la demande du Duche, Benito Mussolini, en raison de la connotation communiste du mot internazionale. Un changement qui n’empêche pas le club de remporter trois autres Scudetti (1930, 1938 et 1940). Il faudra attendre 1942 avant que le club ne retrouve son nom originel d’Inter.

Après la Seconde Guerre mondiale, le club continue de remporter le championnat, s’affirmant comme l’un des meilleurs clubs de la Botte. Entre 1945 et 1971, le club remporte six nouveaux Scudetti (1953, 1954, 1963, 1965, 1966 et 1971), mais surtout deux Coupe des clubs champions contre le grand Real de Madrid d’Alfredo Di Stefano en 1964 et contre le Benfica d’une autre légende du foot, Eusébio, en 1965. L'Inter compte alors dans ses rangs quelques-uns des meilleurs joueurs du monde : Luís Suárez, Alessandro Mazzola ou Giacinto Facchetti. Le président de l'époque Angelo Moratti (père de Massimo Moratti) n'hésite pas à offrir, en vain, d'importantes sommes d'argent dans le but de recruter Pelé ou Eusébio, mais les politiques totalitaires du Brésil et du Portugal empêchent toute transaction.

Le club va ensuite connaître une période de vache maigre. En presque quarante ans, le club ne connaîtra que deux fois les joies d’un titre de champion (1980 et 1989). Entre temps, la Juventus de Turin et surtout le Milan AC sont venus lui faire de l’ombre. A Angelo Moratti succède son fils, Massimo. Il n’hésitera pourtant pas à investir de grosses sommes d’argent afin de rendre le lustre d’antan à son club, parfois même plus que ses deux illustres ennemis.

Une incapacité à remporter un Scudetto qui changera l’image du club. Fini le temps où le simple nom de l’Internazionale faisait peur, il était depuis associé à l’étiquette de "looser". Il faudra attendre 2006 et le Calciopoli pour que le club remporte enfin un titre. Le fait de l’obtenir sur tapis vert à atténuer le mérite du club. Soucieux de prouver qu’ils n’avaient rien volé, ils remporteront de main de maître le Scudetto suivant, battant au passage tous les records d’invincibilité de la Série A. Cette saison encore, ils semblent promis à un troisième titre consécutif, ce qui porterait à seize le nombre de Scudetti de l’Internazionale.

Si certains n'hésitent pas à remettre en question les deux derniers titres de l’Inter de Milan (l'un obtenu sur tapis vert, l'autre alors que ses principaux rivaux étaient en série B ou avaient un handicap de points, ndlr), le fait que le club base son jeu et son succès sur une forte base d’étrangers n’est après tout qu’une réminiscence de son passé.

A l’heure où le conservatisme du Milan AC ou de la Juventus de Turin sont vantés, pourquoi devrait-on pointer du doigt, un club qui ne fait que conserver sa riche histoire ?

Posté le 17 avril 2008 à 13.00 par Randy
Sources associé(e)s: Goal.com